Sur son blog, l’abbé Bernard Pellabeuf témoigne de la
réception de l’encyclique de Paul VI Humanae Vitae sur la
régulation des naissances en France :
“Alors que j’étais séminariste, dans les années 1970, je voyais
approcher le moment où j’aurais à préparer des couples au mariage et cette responsabilité m’impressionnait. Je demandais donc à un prêtre qui organisait des week-ends de préparation au mariage de
m’admettre à en suivre un. Ces rencontres duraient quarante-huit heures, du vendredi soir au dimanche en fin d’après-midi. J’y rencontrais un prêtre zélé et humble. […]
Face à la question de la contraception, il développa la thèse de l’épiscopat français, à savoir que la pilule était un mal, mais qu’on pouvait l’utiliser comme un moindre mal, si l’on a
besoin de se témoigner son amour par l’union sexuelle dans une période où l’on ne veut pas d’enfant. Par discrétion il se retira ensuite pendant qu’un couple marié venait donner son témoignage.
Le Monsieur tirait nerveusement sur sa pipe et ne pipait mot. Quand le prêtre revint, il aborda la question du stérilet, en disant que c’était un abortif et qu’il ne fallait jamais y avoir
recours. La dame fit alors : «Ah, bin justement je viens de leur dire que j’en porte un !»
A la fin de la session, je discutais avec lui de l’opposition entre la position des évêques français et celle de Paul VI. Il me répondit qu’il n’y avait pas d’opposition, que les évêques
n’avaient fait que recourir à la doctrine classique du moindre mal, et que d’ailleurs un jésuite avait fait un gros livre pour étayer cette position. Je me rendis compte du drame. Ces jeunes
couples de fiancés, dont certains étaient très réceptifs au message spirituel de l’Eglise sur le mariage, étaient dévoyés dans le moment même où ils venaient chercher ce message. L’exemple du
couple venu témoigner est éloquent : si l’on pense pouvoir légitimement recourir à la contraception, on en vient très facilement à recourir à des procédés abortifs quand celle-ci échoue. Combien
de couples ont ainsi été dévoyés à travers la France ? […]
On voit que la position de la conférence épiscopale française a contribué à répandre chez les catholiques la culture de mort. Cela appelle repentance, ne pensez-vous pas ?”
D’autant plus que du côté du diocèse d’Arras (Mgr Jaeger) et du côté de la Mission de France (Mgr Patenôtre),
on ne regrette pas cette opposition au Magistère.