Dans La Nef, Christophe Geffroy revient longuement sur la révocation de l’abbé
Michel. Il apporte ces précisions :
“Mgr Nourrichard lui écrit en septembre 2009 avec à la clé une nouvelle solution : dans le cadre d’un remaniement des paroisses, le secteur de Thiberville serait rattaché à celui de Bernay :
l’abbé Michel viendrait rejoindre l’équipe de prêtres et pourrait notamment desservir… Thiberville. Cette fois-ci, la réponse de l’abbé Michel n’est pas négative, il
évoque seulement les risques de cohabitation difficile avec les deux prêtres du secteur, l’abbé Jean Vivien et l’abbé Pierre Gaudin, tous deux hostiles à la vision traditionnelle de
l’abbé Michel (et très opposés à la forme extraordinaire). Mgr Nourrichard estime cette réponse comme un refus et écrit fin octobre à l’abbé qu’il envisage pour la première fois des
sanctions canoniques. Le 19 novembre, celui-ci lui répond en affirmant qu’il est prêt à rejoindre Bernay et, conformément au motu proprio de Benoît XVI, demande si une paroisse
personnelle où la forme extraordinaire pour la messe serait célébrée pourrait être envisagée afin de répondre au besoin des fidèles. Appel resté sans réponse, sinon la révocation du 28
décembre 2009 que Mgr Nourrichard est venu en personne communiquer aux fidèles le dimanche 3 janvier dernier à Thiberville.”
Christophe Geffroy constate :
“Cette histoire, assez triste en vérité, est cependant intéressante en ce qu’elle nous renseigne sur un état d’esprit qui est loin de celui que le pape Benoît XVI essaie d’insuffler dans
l’Église universelle – et que l’on peut résumer par son souci de « l’herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité » par opposition à toute idée de rupture entre le passé
et le présent. Car ce qui est extraordinaire dans cette affaire, c’est l’impression irrépressible qui apparaît clairement : l’expérience de Thiberville, unique dans ce diocèse, doit
cesser ! On ne sait pas très bien pourquoi et dans quel but, mais cela semble une nécessité incontournable.”
Et il rappelle les différentes raisons invoquées pour révoquer l’abbé Michel :
– la rumeur des calomnies, finalement oubliée au profit d’un autre motif :
– l’abbé Michel est en poste depuis 23 ans, c’est beaucoup trop !
– puis la réorganisation des paroisses…
Toutes ces raisons sont fallacieuses et Christophe Geffroy estime :
“Ces querelles auraient pu avoir un sens en un temps où l’Église regorgeait de vocations, mais aujourd’hui, dans un diocèse aussi sinistré que celui d’Évreux, la persécution d’un prêtre
ayant ainsi « réussi » sur le terrain apparaît comme incompréhensible […] L’expérience de l’abbé Michel étant très positive, l’Église ne pouvant se développer qu’à partir de bastions
forts comme celui de Thiberville, pourquoi ne pas agrandir le secteur paroissial de l’abbé Michel et même lui donner un vicaire pour le seconder ? S’il n’y a pas de prêtre
disponible dans le diocèse, pourquoi ne pas faire appel à un prêtre extérieur, soit d’un autre diocèse, soit d’une communauté nouvelle ou traditionnelle ? Ainsi, l’abbé Vivien
serait satisfait et pourrait vérifier avec sa calculette que l’abbé Michel est dans les bons ratios et l’évangélisation aurait ainsi un bon terrain de départ. Quand on a la chance d’avoir un abbé
Michel, on le félicite, on l’encourage : persécuter un tel prêtre n’est pas bon signe… Derrière les explications officielles, il y a bien une conception de la vie paroissiale qui est en
jeu. En ce sens, c’est bien une affaire exemplaire.”