Interrogé dans La Nef, le curé de Thiberville déclare :
“Beaucoup ignorent l’origine et l’histoire de cette affaire ! Tout a commencé sur des rumeurs qui sont allées jusqu’à l’évêché. J’ai toujours dit à l’évêque que je ne partirai pas sur des
rumeurs, car cela semblerait les accréditer. Ensuite, il a argué de mon âge (58 ans à l’époque) et de mon temps de présence (21 ans) pour m’inviter à changer de poste. J’ai
trouvé cela assez curieux car l’évêque sortait de sa visite pastorale à Thiberville et dans ses conclusions (réjouies et enthousiastes en ce temps-là), il ne faisait aucunement allusion à
cela. Je semblais même reparti pour longtemps encore et nous nous quittions en bons termes. Mais l’idée n’était pas abandonnée pour autant, j’étais prolongé pour un an afin de fêter mes
60 ans avec mes paroissiens. Mon départ est revenu après à l’ordre du jour avec diverses propositions correspondant à des ministères de prêtres retraités (aumônier de la confrérie des saints
Anges) ou bien on m’envoyait dans des lieux aussi peu traditionnels que possible où je n’aurais sans doute même pas pu descendre de voiture.
Je tiens cependant à préciser que je n’ai pas dit non à tout. La perspective de Bernay par exemple. Il faut cependant savoir qu’un de mes confrères avec qui j’aurai dû me
retrouver a déclaré que « je n’aurai jamais dû être ordonné » et que l’autre est farouchement opposé à la messe tridentine et à l’esprit du motu proprio en général. Ayant émis la
possibilité de célébrer à Bernay dans la forme extraordinaire il s’est écrié : «Moi curé de Notre-Dame de la Charentonne, cela ne se fera jamais». Cela donne à réfléchir
avant d’accepter un tel ministère. J’ai fait tout récemment encore d’autres propositions à l’évêque, elles sont restées sans réponse, si ce n’est la révocation et la dissolution de la
paroisse. Pour cette raison, je ne pense pas être dans la désobéissance. Mgr Nourrichard en a appelé à Rome et il m’invite à le faire moi aussi. J’obéis donc en mettant ma cause
entre les mains de Rome et bien sûr je suivrai l’avis donné. Il y avait autrefois un adage : «Rome a parlé, l’affaire est réglée».
[…] Je n’ai jamais critiqué un confrère bien au contraire. À un prêtre voisin qui se désolait du peu de confessions à une célébration pénitentielle dans sa paroisse et du nombre important chez
moi, je lui rappelais que c’était pareil au début ici et que j’avais mis sur le confessionnal : «on demande des pêcheurs». Je voudrais dire à tous ceux qui me pensent
orgueilleux ou vaniteux, que je ne suis qu’un simple curé de campagne. Je n’ai pas l’esprit inventif, c’est pourquoi je refais tout simplement ce que j’ai vu faire avant moi :
«Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu».”