À l’occasion de la journée mondiale du migrant et du réfugié, dimanche 17 janvier, Monseigneur Claude Shockert, évêque de Belfort-Montbéliart et responsable de
la pastorale des migrants au sein de l’épiscopat français, rappelle certaines réalités :
“je me suis rendu à Abidjan en Côte d’Ivoire en avril 2007 pour participer à un colloque sur l’immigration. J’étais le seul européen, avec Mgr Vincent Landel, évêque de Rabat-Casablanca. Nous
n’avons pas seulement mis l’accent sur l’immigration sud-nord, j’ai découvert qu’il y avait beaucoup de migrants à l’intérieur des pays d’Afrique, des migrations inter-nationales. Il était
intéressant d’entendre le témoignage de l’évêque du Maroc. En contact avec des étudiants sub-sahariens qui viennent au Maroc pour leurs études, un certain nombre d’entre eux cultive le désir de
passer en Europe. Le dialogue pastoral les amène à réfléchir pour que leur choix puisse se faire plutôt au bénéfice de leurs pays en y retournant. Cette attitude pastorale tend à
se réaliser également dans les diocèses de la région de l’Afrique de l’Ouest. […] L’Église n’est pas pour tâche d’organiser à la place des autres. L’Église n’a donc pas
la maîtrise des politiques qui traitent des migrations et de la sécurité. Elle intervient de manière spécifique. À la base de son action, il y a l’amour de Dieu qui consiste à aimer
l’autre comme un frère.”
Le rôle de l’Eglise n’est donc pas d’encourager l’immigration ou l‘illégalité, mais, face aux réalités, de faire respecter la dignité de la
personne humaine. Et cette attitude pastorale, comme le rappelle Mgr Schockert, doit faire comprendre aux migrants que leur pays d’origine a besoin d’eux et de leurs compétences.
Pour approfondir ce sujet, on peut se reporter à l’instruction du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, Erga migrantes caritas Christi, publiée en 2004.
On y lit notamment, à propos des occupations d’églises par des immigrés clandestins, de l’école catholique et de la nécessaire
réciprocité :
“nous jugeons qu’il n’est pas opportun, pour le respect de nos lieux sacrés et de la religion d’autrui, que les lieux catholiques – églises, chapelles, lieux de culte, locaux
réservés aux activités spécifiques d’évangélisation et de pastorale – soient mis à la disposition de croyants de religions non-chrétiennes, et moins encore qu’ils ne soient utilisés pour
faire valoir des revendications vis-à-vis de l’Autorité publique.” [n°61]
“Les écoles catholiques, même lorsqu’elles accueillent des enfants d’immigrés d’autres religions, ne doivent pas renoncer à leurs caractéristiques particulières et à leur propre projet
éducatif, orienté selon les valeurs chrétiennes.”
“Enfin, dans les relations entre chrétiens et pratiquants d’autres religions, le principe de réciprocité revêt une grande importance. Il s’agit non pas d’une attitude purement
revendicatrice, mais d’une relation fondée sur le respect mutuel et sur la justice dans les traitements juridiques et religieux. La réciprocité est aussi une attitude du cœur et de l’esprit qui
permet de vivre ensemble et en étant partout à parité de droits et de devoirs. Une saine réciprocité stimule chacun à devenir «l’avocat» des droits des minorités là où sa propre communauté
religieuse est majoritaire. On pense notamment aux nombreux migrants chrétiens vivant dans des pays à la population majoritairement non chrétienne, où le droit à la liberté religieuse est
fortement restreint ou violé.”