extrait :
- “Jacques Gaillot avait un avantage : comme il ne s’occupait pas plus du diocèse d’Evreux que de celui de Parthenia aujourd’hui d’ailleurs, chacun faisait un peu ce qu’il voulait… Il
y avait un jeune vicaire à la cathédrale d’Evreux qui se nommait Francis Michel… Comme il ne manifestait pas un enthousiasme progressiste délirant, il fut aussitôt envoyé à Thiberville :
il ne pouvait guère être déplacé plus loin, car c’est à la limite du Calvados… Il devint, seul prêtre sur place, de facto doyen de la douzaine de paroisses alentour dépendant de
ce doyenné. J’habitais alors à 7 km de là… - […]
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La vie paroissiale se limitait au moment de son arrivée à une vingtaine de paroissiens de Thiberville qui se “réunissaient” pour leur “célébration” autour de leur curé dans la
sacristie « parce que l’hiver, elle était chauffée » (sic !) L’église restait vide, quasiment fermée la plupart du temps… L’abbé Michel fit le tour des
mairies et convainquit toutes les municipalités : il obtint partout la promesse de la restauration et de la réouverture des églises contre l’assurance qu’une messe au moins y serait
célébrée chaque quinzaine... Et les maires acceptèrent tous… Et les églises furent rapidement restaurées parfois au prix de gros efforts financiers pour ces petites municipalités…
Ainsi, les villages retrouvèrent leur visage et leur rythme paroissial…
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Et l’abbé Michel commença son écrasant apostolat par un long ministère d’itinérance,
sillonnant inlassablement son doyenné pour redonner vie à ces églises, “ses” églises, jusque là délaissées et désertées depuis au moins vingt ans… Et il y parvint partout… Avec
quel succès ! Il parvint aussi, porté par sa ferveur apostolique, à évincer, avec l’accord de ses paroissiens, certaines «innovations liturgiques fécondes» de son
prédécesseur… Non sans quelques anicroches… avec les religieuses résidentes à Thiberville, progressistes enragées, furieuses de voir disparaître les autels “de face” et surtout, ce
qui déclencha une guerre totale : voir le remontage en l’église Saint-Thaurin de Thiberville de la table de communion !!! Quel sacrilège en effet que de voir des fidèles à
genoux recevant la communion sur la langue ! Mais atteintes par la limite d’âge, ces pasionarias post-conciliaires finirent par quitter la commune pour partir en retraite…
- Et tout en observant une liturgie en français, l’abbé Michel se cantonna dans la stricte observance des prescriptions conciliaires qui n’ont jamais fait renier le canon traditionnel
qu’il a toujours utilisé, comme les cantiques latins, les chants de la liturgie classique, etc. Il restaura les statues, les ornements, et les églises se remplirent… Il remit à l’ordre
du jour la célébration des fêtes locales, remit à l’honneur les charitons et renoua avec la tradition des processions en campagne… Il installa même une grande crèche extérieure qui connaît un
vif succès… Les enfants affluèrent au catéchisme, les fiancés à la préparation du mariage… Et plusieurs jeunes entrèrent au séminaire… - […]
- Quand on voit le travail d’évangélisation et la ferveur dans la pratique religieuse qu’a obtenu l’abbé Michel, on aurait pu supposer qu’il soit appelé à d’autres fonctions en vue d’arriver
ailleurs au même genre de résultat dans le reste du diocèse… Là, sans doute, les ouailles de l’abbé Michel auraient fait contre mauvaise fortune bon coeur… Mais de cela, il n’est absolument
pas question, bien au contraire !”