Le cardinal de Lyon est interrogé dans l’hebdomadaire Famille chrétienne. Extraits :
“La nation est-elle une notion dangereuse ?
Jean-Paul II a utilisé le mot nation dans des sens différents avant et après la guerre en Yougoslavie. Savez-vous pourquoi ?
Il a vu soudain les ravages du nationalisme mais il n’a jamais renoncé à manifester son attachement et sa gratitude pour sa nation, la patrie polonaise, sa culture, son histoire. Et il
nous a aidés à réfléchir à tout ce que nous devons, dans chacun de nos pays, à nos racines.
Qu’est-ce que l’identité française pour vous ?
Être chrétien, c’est être baptisé. Mais être français ? Je sors mon joker, sauf à répondre, ce qui est juste, avoir sa
carte d’identité ! Chez les Malgaches, la nation c’est la «terre des ancêtres». […] L’identité française n’est pas une vérité dogmatique. Si vous m’interrogez sur les sept
sacrements, je vous réponds clairement et aussitôt. Mais la nation, c’est autre chose ! Il s’agit d’une réalité souple et complexe. Les origines de ma mission en France, aujourd’hui, ce sont des
aînés qui arrivaient de l’actuelle Turquie et saint Pothin et saint Irénée, les premiers évêques de Lyon. Mais je pense aussi à leurs persécuteurs qui sont aussi mes ancêtres !
Parler des racines chrétiennes de la France, est-ce dépassé ?
Les racines chrétiennes de notre pays sont d’abord un fait historique. Notre-Dame-de-Paris est un des monuments les
plus visités, ce n’est pas un hasard ! Ces racines, on peut les taire, les nier, les reconnaître ou encore les survaloriser. […] Parfois, notre identité chrétienne saute aux yeux
! Je pense par exemple aux funérailles de l’abbé Pierre. […] Les racines chrétiennes sont vivantes, elles connaissent un perpétuel renouveau. En tant qu’évêque, j’ai conscience
d’exercer une des fonctions les plus anciennes de notre pays. C’est le maire de Lyon qui m’a fait un jour cette réflexion, avec humour : «Ma fonction existe depuis 200 ans et la vôtre
depuis plus de 1 800 ans !»