les mesures pastorales sont vouées à l’échec si des mesures liturgiques ne les précèdent pas :
“Nos évêques réunis à Lourdes ont raison de s’inquiéter de la situation de l’Eglise en France. Mais ils seraient bien
avisés, pour avoir moins à se tourmenter, de revoir de A à Z la pastorale qu’eux-mêmes ou leurs prédécesseurs directs ont mise en place dans les diocèses et les paroisses.
Le Cardinal Ratzinger se disait persuadé qu’il y a un rapport très étroit entre la crise de l’Eglise et la crise de la
liturgie. Pourquoi ne pas l’entendre et commencer par rectifier les erreurs faites en liturgie afin que, par ricochet, la crise de l’Eglise puisse enfin entrer dans une phase de résorption
?
Voilà des années que nos évêques posent des diagnostics sans vouloir s’employer, semble-t-il, à trouver les bons
remèdes.
Les résultats calamiteux sont pourtant là : dans le diocèse de Strasbourg, par exemple, qui fut autrefois catholique et
pratiquant, un curé ayant la charge d’un secteur comptant 5 paroisses – dont une de 5 000 hab. – vient d’avouer qu’il peinait à trouver dix jeunes acceptant de faire leur profession de foi l’an
prochain. Mais pour tenter de les attirer, il continue allègrement, comme la plupart de ses confrères, à désacraliser la liturgie jusqu’à en faire
quelque chose qui n’attire plus personne.
Au même moment et dans le même diocèse [dont l’archevêque est Mgr Grallet, photo, Note de M.
Bernard], le Père Aumônier d’un couvent de religieuses est proprement limogé à la demande de quelques soeurs qui en sont restées aux idées de mai 68
et estiment que le prêtre est trop catholique, trop romain, trop respectueux du missel. Il est vrai qu’avec cet Aumônier, les messes ne swinguent pas et le grégorien est maintenu
autant que possible. Bref, la communauté se “débarrasse” d’un prêtre dont le seul tort aura été d’avoir une haute idée de son ministère sacerdotal. Désormais, les fidèles des paroisses
environnantes – déjà privés de messes dominicales régulières et méritant ce nom – ne seront plus assurés de trouver des célébrations eucharistiques dignes et priantes dans le secteur. Au
demeurant, en ce dimanche où le nouvel aumônier a été installé, on est passé brutalement de la liturgie romaine habituellement célébrées jusqu’ici à une “messe-clafoutis”. Et chose très curieuse:
l’assistance habituée à chanter l’Ordinaire en grégorien s’est mise à chanter avec le même entrain un Ordinaire en français dont la mélodie était directement inspirée de “Quand trois poules vont
aux champs”. Déjà un certain nombre de personnes qui jusqu’ici fréquentaient régulièrement la messe dominicale célébrée au couvent, ont annoncé qu’elles cesseront simplement de pratiquer. Faut-il
leur donner tort ? Alors qu’elles demandent du pain, on prétend les rassasier avec des cailloux.”