L’archiprêtre de
Corte, l’abbé Roger-Dominique Polge (photo), a été relevé de ses fonctions curiales il y a quelques jours. Le fait que le courant ne passe pas entre Mgr Brunin et lui est depuis
longtemps un secret de polichinelle. Une divergence de vue dans la méthode d’administration de la paroisse aurait aggravé la situation et l’évêché reprocherait, par ailleurs, à l’archiprêtre, son manque de respect envers les principes de base
de la hiérarchie. L’abbé Polge ne plaît pas à certains paroissiens, mais nombreux sont ceux qui le soutiennent aujourd’hui. Très affecté par la décision qui le prive de son apostolat,
il a été admis au centre hospitalier de Corte où il se repose encore. L’ambiance très tendue rappelle l’éviction du Père Élie à Ajaccio en mars 2008.
De retour de Lourdes, Mgr Brunin (photo ci-dessous) a simplement déclaré que l’abbé Polge devrait prendre une
année sabbatique. Après 6 ans de ministère, sa succession n’a pas été prévue et le vicaire général, le père Ange-Michel Valery, venu le remplacer pour la messe n’a rencontré que
l’opposition des paroissiens. Ils se sont réunis ce matin à 10
heures, devant l’église de l’Annonciation pour un rassemblement de prières en faveur de l’abbé Polge.
Cette affaire n’est
pas sans rappeler celle narrée par Me Jacques Trémolet de Villers, dans le quotidien Présent du 27 août 2008
(visible ici), à propos de Vivario :
“L’évêque de la Corse a décidé qu’il n’y
aurait plus de prêtre résident dans ce qui n’est plus un doyenné ni un ensemble de paroisses, mais une ZEP, Zone d’Ecclésialité Prioritaire. Je n’invente rien. Je l’ai entendu de mes
oreilles. Cette ZEP donne à l’évêque l’occasion de réaliser ce qu’il considère comme l’expérience d’Eglise la plus importante aujourd’hui : une église sans prêtre. Une équipe pilote de
laïcs, menée par des femmes, répercute les directives de l’évêque, établit un bilan de la situation, met en relation les animateurs de secteurs, organise des rassemblements périodiques où, dans
la convivialité festive, par la grâce du covoiturage, ce qui reste de fidèles « fait Eglise » en un lieu déterminé à l’avance par le Comité d’action en accord avec le Commissaire central – je
parle de l’évêque.”
Dans Présent du 3 septembre
2008, Me Trémolet ajoutait :
“Vous passerez, Monseigneur, votre carrière vous appelera ailleurs. Il est fini, le temps où les évêques épousaient leur
diocèse, comme nous laïcs, épousons nos conjoints. Comme un préfet, vous serez promu. Nous, nous resterons, avec nos maisons, nos jardins, nos tombeaux. Je sais bien qu’à la fin, c’est nous qui
aurons raison. Je sais bien que la Corse, qui en a vu d’autres, absorbera aussi cette souffrance. Je sais que l’Eglise a résisté à tout, même et surtout aux hommes d’Eglise.”