Au cours de son discours d’ouverture de la
Conférence épiscopale, le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a évoqué en ces curieux termes l’Année sacerdotale :
“L’an dernier, quand le Pape Benoît XVI a ouvert l’année sacerdotale sa décision a été accueillie avec un enthousiasme relatif. Mais le fils appelé à la vigne qui commence par dire « non »
ou du moins un « oui » discret finit quand même par y aller et par faire bien son travail. Jésus le cite en exemple… Donc nous nous sommes mis au travail et, peu à peu, l’année porte son
fruit.”
Point n’est utile de révéler ici les noms des évêques français ayant dit “non” à l’initiative de Benoît XVI, même si l’on sait que certains ont peu apprécié l’exemple mis en exergue au cours de
cette année : le curé d’Ars, considéré comme trop tridentin.
Le véritable problème, c’est le nombre d’ordinations, qui n’a cessé de décroître en France depuis
la deuxième guerre mondiale. Les effectifs ordonnés chaque année se sont stabilisés à la fin des années soixante dix autour de 120 prêtres par an avec pour conséquence une décroissance
vertigineuse du nombre de prêtres diocésains. En 2007 (dernière statistique de la Conférence des évêques de France), il y avait 15.341 prêtres diocésains (exerçant dans une paroisse), la plupart âgés de plus de 60 ans, contre 37.555 en
1970 et 20.913 en 1997. Ce qui représente un recul des effectifs de plus de 22.000 en 37 ans, ou de l’ordre de 600 par an en moyenne.
On entend souvent parler d’une reprise des vocations depuis quelques années. Cette idée reçue est malheureusement infondée et la baisse n’a pas été enrayée puisqu’en 2009 il n’y a eu que 90
ordinations de prêtres diocésains en France, contre 101 en 2008. Parmi elles, on en compte 20 pour le diocèse de Toulon, 10 pour le diocèse de Paris, 6 pour le diocèse de Strasbourg. A ces
prêtres diocésains, il faut ajouter 15 prêtres pour la Communauté Saint-Jean et 5 pour la communauté Saint-Martin.
Bref, cette année sacerdotale a été vue par certains comme une loupe romaine sur leurs problèmes internes. Sachant que, par ailleurs, le nombre de prêtres ordonnés pour la forme extraordinaire ne
cesse de croître : en 2009, 15 prêtres français ont été ordonnés pour la forme extraordinaire du rite romain (3 de l’Institut du Christ Roi ; 4 de la Fraternité Saint Pierre ; 6 de la
Fraternité Saint Pie X ; 2 de l’Institut du Bon Pasteur; 2 dans le diocèse de Toulon) – étant exclues de ce chiffre les ordinations des communautés proprement religieuses (bénédictins de diverses
obédiences, capucins, Institut St-Vincent-Ferrier, dominicains). Autrement dit, les ordinations pour la forme extraordinaire représentent cette année plus de 14% des ordinations de prêtres
séculiers en France (avec pratiquement 20% des séminaristes).