Nous ne pensions
pas donner de nom d’évêques ayant accueilli “avec un enthousiasme relatif” l’année sacerdotale ouverte par Benoît XVI, mais nos confrères de La Croix ne l’ont pas vu de cet oeil.
Le premier cité est Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne, qui est l’un des quatre évêques à présenter une contribution sur le sujet des “restructurations” diocésaines lors
de l’Assemblée plénière de Lourdes. Il s’explique :
“Dans mon diocèse, je cherche à développer deux axes privilégiés complémentaires : initiation
chrétienne et dialogue avec la société. Vue sous cet angle, la question du nombre de prêtres et de paroisses n’est plus du tout la même. […] Dix ans après l’instauration des nouvelles
paroisses dans notre diocèse, il me semble que les esprits restent encore très attachés au schéma classique. Or, je me demande si l’idée de paroisse est encore viable. […] C’est vrai
qu’il y a parfois de l’incompréhension chez certains, notamment au moment des funérailles, où le prêtre est de moins en moins présent. Nous devrions être capables de leur dire : oui,
c’était mieux avant mais on ne peut plus. Il faut composer autrement.”
Exit le problème de prêtres : le problème se situe dans l’organisation territoriale. Ce que confirme Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, qui a confié des responsabilités
à 50 chargés de mission, et considère l’appui des laïcs et leur formation comme un remède complémentaire au problème global de la réorganisation des diocèses: “L’appel aux vocations
est une partie de la réponse aux difficultés“. Du côté de Châlons-en-Champagne, on n’en pense pas moins. L’abbé Joël Morlet, vicaire général, indique :
“Appelés à prendre une part active à la vie de l’Église, les laïcs se forment pour acquérir une expression plus juste de leur foi, et pouvoir prendre des initiatives au nom de l’Église. Le
défi est d’oser appeler, y compris des personnes aux marges de l’Église, qui participent peu ou pas à la vie de la paroisse”.
15 des 34 paroisses du diocèse étant dépourvues de curé résident, l’évêque y a nommé pour 5 ans des laïcs délégués pastoraux. Reste à leur donner la possibilité de communier lors de
liturgies dominicales organisées autour de la Parole de Dieu… Mgr Hubert Herbreteau, évêque d’Agen, estime que le rôle du prêtre a considérablement évolué :
“Il ne peut plus être l’homme d’une organisation, sachant et dirigeant tout. Il doit aller à l’essentiel : être un guide qui accompagne, soutient, exerce un ministère de communion entre
les communautés qui lui sont confiées, sert la croissance de la foi et la dynamique missionnaire.”
Et il donne les sacrements, non ? L’abbé Bernard Dumortier, vicaire épiscopal du diocèse de Lille mise lui aussi sur les assemblées paroissiales. Dans le diocèse de
Poitiers, Gisèle Bulteau est chargée de l’accompagnement des communautés locales [sic].
Il existe pourtant un diocèse – au moins un ! – qui ne se résoud pas l’absence de prêtre. C’est, par exemple, la ligne adoptée par le diocèse de Fréjus-Toulon dont les paroisses n’ont
pas fait l’objet d’un regroupement. Pour pallier le manque de prêtres -car nous ne nions pas ce problème, Mgr Rey fait largement appel à des prêtres étrangers et à des communautés
nouvelles. Yann de Rauglaudre, directeur de la communication du diocèse, explique :
“On nous dit que les gens font des kilomètres pour aller au supermarché… mais l’Église n’est pas un supermarché. Depuis 1983, Mgr Joseph Madec puis Mgr Dominique Rey ont fait le choix d’un
presbyterium bigarré, à l’image de notre département. Nous avons également été les premiers à faire appel aux prêtres de la communauté Saint-Martin.”
Ce diocèse, qui fut l’un des premiers à se (re)doter d’un séminaire diocésain, insiste sur la nécessité d’encourager fortement les vocations. Il vient d’être suivi par le diocèse de
Bayonne, mené par un certain Mgr Aillet qui n’est autre que l’ancien vicaire général du diocèse de Fréjus-Toulon. Dans l’Homme Nouveau du 7
novembre, on lit ces propos de Mgr Rey :
“On doit prévenir le risque d’une laïcité non critique et indifférenciée. On réduirait alors l’originalité évangélique aux coordonnées de ce monde. Dans cette perspective, l’Église deviendrait
une simple présence sociologique à l’histoire des hommes, sans être le lieu et le ferment de la présence de Dieu.» «Tous les chrétiens ne sont pas appelés à s’engager de la même manière dans
le rapport au monde. Malheureusement dans les faits, bien des charges assumées par des fidèles laïcs se sont singulièrement rapprochées de la fonction pastorale proprement
dite.”