L’évêque de l’île de Beauté a été muté dans la cité du Havre. Pour le climat, cela va lui faire un choc. Il aurait bien aimé rester sur l’île réputée pour son farniente. Mais Rome en a décidé autrement :
Le nonce apostolique m’avait averti en mars déjà que je devrais sans doute consentir à quitter la Corse. Je lui avais demandé encore une ou deux années supplémentaires. Cela ne m’a pas été accordé, et début mai, je savais que je devrais partir. Je regrette de quitter ce diocèse surtout au moment où nous avions passé ensemble les écueils et toutes les affaires. J’aurais voulu terminer certains chantiers entrepris récemment. C’est mon successeur qui j’espère continuera sur cette lancée. […] Quand le pape m’a envoyé en Corse, c’était pour servir une Église qui avait une histoire à laquelle j’étais étranger mais dans laquelle il fallait m’inscrire pour écrire une nouvelle page. Très rapidement, j’ai constaté de graves dysfonctionnements concernant certaines pratiques ou certains comportements personnels. Il était de ma responsabilité d’évêque de réagir pour permettre à l’Église de recouvrer sa totale liberté pour la mission. J’ai toujours pu compter sur la compréhension et la confiance de la grande majorité des fidèles de Corse, des diacres et des prêtres. Nous avons traversé l’épreuve ensemble. Je ne me suis jamais senti isolé. Toutes les décisions ont été prises de manière collégiale. Pour mes détracteurs, il était plus facile de faire dire c’est l’évêque le méchant plutôt que de parler du fond des affaires. J’ai beaucoup souffert aussi avec les fidèles de Corse, de l’image négative et scandaleuse de l’Église donnée par quelques-uns, et notamment parmi eux, ceux qui ont un jour, engagé leur vie pour la servir. Mais la vérité s’impose finalement d’elle-même. L’Évêque aurait-il pu faire autrement que dénoncer ces actes ?
Il est pourtant clair que Rome, en l’éloignant, a voulu désamorcer les conflits que Mgr Brunin n’a pas été en mesure de régler.
N’y a-t-il pas eu des problèmes de communication de la part de l’Église de Corse dans la gestion de ces affaires ?
Il m’aurait été difficile d’anticiper. Même si je le concède, il y a eu peut-être beaucoup de malentendus et d’incompréhension sur certains termes. Les prêtres incriminés ont sorti leurs affaires dans les médias bien avant moi. Ils ont monté de véritables campagnes médiatiques pour me faire apparaître comme le méchant et eux comme des pauvres victimes. Mais jamais ils n’ont abordé le fond des dossiers.
Mais était-ce vraiment possible ? Lisez la suite :
Dès 2005 vous avez souhaité une redéfinition de l’interparoissialité pourquoi ?
C’était une décision du synode. Mais quand je suis arrivé, l’interparoissialité consistait là où un prêtre partait à rajouter ses paroisses au nouveau. Ce n’était pas réellement une interparoissialité puisque chacun restait dans son église. Nous y avons travaillé ensemble dès 2005 avec le déploiement de la vie ecclésiale. Nous avons repéré les axes de prospection et ça commence à fonctionner. Ce qui est important c’est d’être ensemble une église et de sortir de son église.
L’interparoissialité… Terme inconnu dans le droit canonique. On comprend la révolte du clergé local et aussi des fidèles. Mais on peut craindre que ce type d’expérience se fasse désormais au Havre…
D’ici 2020, il n’y aura plus que 20 prêtres en Corse Le diocèse d’Ajaccio aura-il encore une raison d’exister ? Ne faudra-t-il pas être rattaché à l’archidiocèse de Marseille ?
C’est le conseil diocésain de la pastorale qui dans ses travaux a fait une projection. Que sera l’Église de Corse dans 9 ans. Le constat est là, oui il n’y aura plus que 20 prêtres en Corse en 2020. Nous avons commencé à réfléchir. Il s’agit de mettre en place des communautés ecclésiales vivantes. Il ne faut surtout pas donner l’impression que l’Église rétrécisse. Il n’y a rien de pire. Pour le rattachement de la Corse à Marseille, il n’en est absolument pas question. Rome veut conserver tous les diocèses dans leur forme actuelle.