Je viens de découvrir avec jubilation un communiqué du Grand Orient relatif aux lois de bioéthique, où je lis ceci:
“L’évocation par Monseigneur Vingt-Trois d’un “recul de civilisation” dénote un obscurantisme et un mépris des positions éthiques laïques qui sont évidemment la préoccupation des élus concernés et à qui l’on doit reconnaître la conscience de leur responsabilité.
Sans dénier à l’Église le droit de dire une morale qui concerne ses adeptes, le Grand Orient de France rappelle que dans ce débat qui intéresse le pays tout entier dans la diversité de ses composantes philosophiques et religieuses, l’État est chez lui et l’Église doit rester chez elle.”
Je ne vois pas qui peut considérer que l’adoption par un Etat d’une loi, dont le seul équivalent connu est les lois de Nuremberg, n’est pas un “recul de la civilisation”. Le cardinal Vingt-Trois a énoncé là un fait parfaitement banal. Pourquoi parler des lois de Nuremberg? Tout simplement parce que le dispositif esr le même: le IIIe Reich était un Etat respectant les droits de l’homme… mais considérant que, les Juifs n’étant pas des hommes, ne pouvaient être protégés par ces droits. Une “Etat de droit” avait “démocratiquement” exclu une partie de l’humanité du champ d’application des droits de l’homme… parce que, comme le parlement français, le parlement du IIIe Reich se croyait capable de définir le vrai et le faux, le bien et le mal. De la même façon, le sénat, en première lecture, n’a évidemment pas rejeté les droits de l’homme; il a “simplement” déclaré que les embryons ne pouvaient pas être protégés par ces droits. Oui, c’est bien un “recul de la civilisation”!
Quant à mépriser les “positions éthiques laïques”, pour cela, il faudrait qu’elles existent. C’est quoi une “position éthique laïque”? Si c’est la loi naturelle, messieurs du GOF, nous sommes avec vous pour la défendre (mais c’est plutôt vous qui nous manquez dans ce combat!). Ou bien est-ce dire, contre tout bon sens, qu’un embryon n’est rien d’autre qu’un amas de cellule, une sorte de tumeur?
Mais ce que je préfère encore, c’est le dernier paragraphe. “Une morale qui concerne ses adeptes”, ah, la belle trouvaille! Nous ne parlons pas ici de la réception de la sainte Eucharistie, nous ne parlons pas du respect du mariage chrétien, nous parlons de la vie et de la mort des hommes. Et cela ne concernerait que les fidèles? Pensez-vous, messieurs du GOF, que les non-catholiques sont des sous-hommes? Eh bien, nous, nous ne le pensons pas. Nous croyons qu’est inscrite dans votre conscience comme dans la nôtre le même commandement “Tu ne tueras pas” et que ce commandement nous impose de regarder avec un infini respect ces petits hommes… tout comme il nous impose de vous regarder avec un infini respect, vous qui êtes aussi, que vous le vouliez ou non, créature de Dieu, vous qui pouvez, si vous le voulez, puiser à l’unique source du salut qu’est le sang du Christ!
Mais une mention spéciale doit être faite du sublime slogan: “L’État est chez lui et l’Église doit rester chez elle.”
Mais, braves gens, l’Eglise est partout chez elle, partout où il y a un homme. Vous n’entendez tout de même pas qu’elle ne soit chez elle que dans les sacristies? Imaginez-vous que nous cessons d’être catholiques dès que nous sortons de l’église, ou dès que nous sortons de chez nous? Et bien, figurez-vous, comble de l’obscurantisme, que nous pensons, nous, que l’Etat, pour être pleinement con,forme à sa missio, doit se soumettre à la loi naturelle que l’Eglise est la seule à transmettre dans sa pureté et son intégralité d’origine! Décidément, entre notre laïcité et votre laïcisme, il ne peut y avoir de compromis…
En dépit des apparences, le compromis n’a-t-il pas déjà lieu, néanmoins, à un certain degré (plus ou moins conscient) de connivence ? Pour s’interroger davantage, voir cet article dans “Présent” daté de vendredi
« Bioéthique » : Leonetti, Vingt-Trois, même combat ?
Le rapporteur de la commission chargée d’examiner le projet de loi de bioéthique, Jean Leonetti, l’avait dit à l’occasion des Etats généraux de bioéthique (à Paris le 23 juin 2009) : « L’éthique n’est pas le bien ou le mal, le vrai ou le faux. Et la question n’est pas de savoir qui a tort ou raison, où est le vrai et le faux… »
Il l’a redit avec force dans La Croix du 24 mai : « En bioéthique, il n’y a pas le bien d’un côté le mal de l’autre, le progrès contre la morale mais le doute, l’écoute, la volonté de parvenir à l’équilibre. Il faut passer d’une éthique de conviction à une éthique de responsabilité. De nombreux députés, dits “conservateurs”, l’ont compris : tout en défendant leurs convictions, ils sont soucieux de parvenir à cet équilibre. »
N’est-ce pas, malgré ses « convictions », à cette philosophie constructiviste du compromis (ou du consensus) et à cette morale politique de situation qu’a aussi consenti d’avance le Cardinal Vingt-Trois, lorsque dans son avertissement aux élus (Présent du 25 mai), il parlait « des positions relativement équilibrées dont le vote des députés en première lecture était le reflet » après un long processus tenant compte des nombreuses « contributions » dont celle de l’Eglise ?
L’Eglise catholique, a reconnu le cardinal au cours de sa conférence de presse de lundi, s’est investie depuis trois ans sur ce dossier avec des chercheurs. En 2009, à l’ouverture des Etats généraux, Mgr d’Ornellas manifestait son désir d’« ouvrir un chemin de dialogue authentique » afin d’aboutir à « une voie française de la bioéthique ». Comme la voie française déjà obtenue en matière de fin de vie par le même Leonetti (au prix néanmoins d’une euthanasie d’exception par omission) et dont un autre cardinal se félicitait (cf. Livre et noir et blanc des évêques de France, p. 161).
Une chose est pour un homme politique de s’engager temporellement, dans l’esprit du paragraphe 73 d’Evangelium Vitae, en vue d’une atténuation d’un mal ou d’une loi intrinsèquement mauvaise. Autre chose est pour un homme religieux (engagé spirituellement) de présenter cette atténuation (moindre mal) ou, plus encore, la moindre aggravation d’une loi (moindre pire) comme un bien ou du moins comme une voie éthique satisfaisante parce qu’équilibrée !
C’est bien pourtant la triste impression qui ressort du discours (sans Dieu) du président de la Conférence épiscopale lorsque, en récusant tout lobbying ou communautarisme catholiques – horresco referens ! – dans ce débat éthique, il ajoute, selon la même logique (d’esprit maçonnique) que Leonetti : « Cela nous a appris au contraire à ne pas le gérer [ce dossier bioéthique] en termes de permis ou de défendu. » (Figaro du 24 mai). Comme d’autres pour le dialogue interreligieux, ne fait-il pas en l’occurrence primer le dialogue inter-moral sur l’annonce de la vérité, selon la dialectique et la praxis bien connues rappelées mercredi par Jean Madiran : « Il est interdit d’interdire. » ?
REMI FONTAINE
Article extrait du n° 7358 de Présent, du Vendredi 27 mai 2011
Je suis d’accord avec le point de vue décrit par le GOF et il faut même l’appliquer plus largement.
.
“l’État est chez lui et le Grand Orient doit rester chez lui. »
.
N’est-il là pas le principe des lois de 1905: la séparation de la loge et de l’état ??
.
.
Ceci étant dit, le citoyen catholique, évèque compris, est chez lui partout dans son pays, Assemblée nationale y compris. Et c’est le devoir de tout citoyen de s’investir dans les débats publics de la société.
.
A bon entendeur…
Le Grand Orient représente une maçonnerie athée, irrégulière, d’un totalitarisme laïcard aux origines troskistes. Historiquement, ils furent les fossoyeurs de la religion catholique et n’ont pas leur place dans nos ateliers.
Relayant Rémi Fontaine au sujet du cardinal de Paris, son discours n’étonne plus personne…déjà quand il était évêque de Tours il a assisté à une tenue blanche franc-maçonne et nous en détenons les preuves…
Ils sont ennuyeux ces macons…ca leur prendrait du sel dans leurs aliments,quelqu un pour leur donner le gout de vivre… peut-etre s ils allaient voir Jesus….
trop de franc macon dans l eglise, au vatican aussi par la priere faisont le ménage