Tous les médias parlent abondamment aujourd’hui de la tribune de la Conférence des responsables de culte en France, où on lit notamment:
“La laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble. Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis. Il nous paraît capital, pendant cette période préélectorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation.”
Ce discours semble singululièrement ambigu: on ignore le statut de cette conférence; on ignore de quelle laïcité il s’agit.
Mon confrère Maximilien Bernard note:
“On comprend ici que le culte (au singulier) dont se réclame ces responsables (catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et même bouddhistes) est politique : c’est le culte de la République, le culte de Marianne. […]
La distinction entre le culte – de la République – et les cultes – religieux – est ici amorcée. On comprend que l’objet de cette conférence n’est donc pas le dialogue entre les religions, mais le soutien des religions au culte du César moderne.”
De façon générale, les évêques de France (car, à vrai dire, c’est plutôt leur position qui m’intéresse que celle de tel imam ou de tel pasteur)me semblent accepter une position équivoque sur la laïcité. Spontanément, nous sommes tentés de penser qu’il adhèrent à la fameuse “saine et légitime laïcité” de Pie XII. Mais, ils déclarent – en écho au fameux “Non à une loi morale qui primerait la loi civile!” de Chirac -, par la voix du président de la CEF d’alors, le cardinal Ricard:
« Toutes les composantes religieuses doivent avoir droit de cité, publiquement, à la condition de savoir aussi donner leur place aux autres et de ne pas se mettre en contradiction avec les grands principes de la République. »
Je n’ai aucune autorité dans l’Eglise et ne souhaite pas en avoir, mais je le dis tout net: tant que la laïcité sera considérée comme supérieure aux valeurs religieuses, je considérais que mon devoir de catholique est de lui résister en face!
En plus V.Pécresse préconise “un diplôme” sur la laïcité. Ils sont devenus fous! c’est le retour aux prêtres jureurs, à des religions officielles etc. Ah ces politiciens et leur illusion utopiste jacobine universelle.
Comme si le fait d’avoir un diplôme allait
résoudre le problème posé par l’arrivée sur une terre chrétienne ou anciennement majoritairement chrétienne d’un nombre toujours plus considérable de populations de certaines pratiques religieuses qui refusent la séparation du temporel et du spirituel. Ces politiques idéologues et utopistes dans leur vision jacobine suicidaire s’attaquent au Catholicisme qui est le seul rempart de la civilisation occidentale libre et juste.
Leur laïcité et leur diplômes, de beaux remparts de papier contre les terribles dangers qui menacent les chrétiens et tous les hommes d’une manière générale!
Les persécutions vont en s’amplifiant pour nous conduire, sauf conversion générale, vers la guerre civile épouvantable annoncée par Notre-Dame à La Salette.
De toute façon, les musulmans quand ils sont en groupe ne peuvent pas être dans une logique autre que le rapport de force. L’islam a toujours été une civilisation assimilatrice. Il est complètement illusoire que s’imaginer qu’en faisant des concessions aux musulmans sur tel ou tel point, on va obtenir leur respect de la loi. Au contraire, ils vont faire pression pour obtenir des concessions sur un autre point, et ainsi de suite. C’est la logique qui prévaut depuis 14e siècle dans leur religion; c’est ainsi.
Il n’y a qu’en France où on débat sur la laïcité (débat où tout le monde sera d’accord, nous sommes en république dites française), en Angleterre, la reine est chef de l’Eglise anglicane, cela ne pose pas de problèmes aux autres religions.
J’ai l’impression que depuis la chute des idéologies, la république et la laïcité sont devenues deux idéologies où les républicains espèrent fédérer les français.
La laïcité consiste surtout à ce que l’Etat ne favorise pas un “islam de France” et co.
avec les milliards accumulés du pétrole, les islamistes font la pluie et le beau temps dans plusieurs domaines, notamment grâce aux médias d’information qu’ils achètent à grande échelle…le pétrole ne pollue pas que l’atmosphère…
“La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.” Constitution de la république française, art.2.
Je crois que l’origine de nos problèmes vient de là : l’identification de la France avec la république, qui n’est que le régime actuel de la souveraineté qui s’y exerce. Autrement dit le pays se confond avec son propre régime politique, et les français sont fondamentalement et uniquement des citoyens.
Dans cette conception des choses, pas de subsidiarité, pas de fait social antérieur à l’exercice du pouvoir central, pas de “communautés” de personnes à reconnaître, pas d’histoire ni de géographie, etc…et donc le traitement du fait social de la religion (comme de tout fait social) est entièrement piloté par l’Etat représentant la souveraineté des citoyens. Il en résulte une immixion immédiate dans les dogmes, dans les institutions religieuses proprement dites, etc…au lieu d’un traitement souple et respectueux en vertu de la tranquillité sociale ou de l’ordre public, se contentant de gérer les effets civils de la religion et non pas le fait religieux lui-même…
C’est ce qui me fait dire que la laïcité à la française est de nature inquisitoriale et, passées les époques de concorde nationale après les guerres, revient chroniquement à ses vieux démons. On ne citera jamais assez l’intrusion de l’Etat dans la nomination des évêques diocésains en vieille France, ni la permanence du code pénal concernant la célébration du mariage (pourquoi le régit-on puisqu’on ne le reconnaît pas ? Boire ou conduire…), ni la volonté de confondre espace public et services publics, et dans ceux-ci, la différence entre les agents et les utilisateurs.
Bref, la laïcité française pêche à mon sens par trop peu de laïcité, en traitant le fait religieux social comme un danger potentiel à circonscrire, et non comme une richesse humaine.
Mais l’islam, me dira-t-on ? Justement, l’islam se nourrit de cette sorte de laïcité hostile, qui se présente comme une religion séculière puisqu’elle intruse dans ce qui ne relève pas du profane mais de l’acte religieux lui-même, adopté par le croyant. En faisant cela, la laïcité à la française se dresse en religion concurrente et non pas en instance de paix civile dans le traitement du fait social religieux.
On verra ici que la distinction des plans d’approche pour une saine coopération humaine procède de la raison humaine, et j’ose le dire, de la doctrine chrétienne dans une reprise de l’Ancien et du Nouveau Testament. L’Etat n’est pas d’origine surnaturelle, et n’a pas de mission proprement surnaturelle, si ce n’est en se conformant aux justes préceptes de la raison accordée à la nature qui lui est donnée à lire et à gérer, comme un “donné”. L’Etat peut être catholique mais seulement par tradition historique (vivante), et il ne lui revient pas de gérer la religion elle-même ni de régir directement l’acte de foi des croyants (je tiens qu’il n’y a qu’une Foi d’origine surnaturelle, mais qu’au plan philosophique et social, il y a des ingrédients repérables qui se retrouvent dans une pluralité religieuse comme contenus des croyances et des pratiques). Ou alors, nous entrons en régime proprement musulman, ce qui me fait dire que peu de distance sépare le fondamentalisme musulman de l’intégralisme catholique…
Quant au peuple et à ce qui le définit, on prendra soin de distinguer l’influence de l’Eglise catholique dans sa culture d’avec son identité propre de peuple (français), qui ne peut être à proprement parler définie comme “catholique” à moins de confondre l’Eglise avec le monde, le profane avec le sacré, le surnaturel avec la nature, etc., et d’exclure par le fait même certains de ses habitants.
Une juste sécularité n’entre pas en conflit avec la royauté sociale du Christ, elle la conforte en la situant dans son ordre, dans une distinction des plans d’approches et des compétences voulue par le Christ lui-même. (cf. Lc 12,14)
Je crois aussi qu’une des conséquences actuelles de la confusion entre France et république, est, par idéologie sous-jacente, un traitement uniquement abstrait du phénomène religieux comme fait social = le fameux concept fourre-tout de “culte” (lequel renvoie au traitement purement abstrait “d’homme” conçu comme citoyen, abstraction faite de ses multiples appartenances communautaires). En effet, comme ne cesse de le dire Mgr Ravel, une pression s’exerce pour ne pas respecter la singularité de chaque culte, et donc leur pluralité communautaire, et donc de créer une sorte d’interreligieux civilempent correct en violant délibérément la distinction des dogmes et des pratiques pour faire tout rentrer dans le même moule. Un Etat qui fait cela n’est justement pas laïc mais religieusement syncrétiste. C’est donc la laïcité française qu’il faut libérer en la rendant vraiment laïque, et là, la culture chrétienne est irremplaçable.