Toujours dans son discours d’hier au Parvis des gentils, le Pape disait:
“Les religions ne peuvent avoir peur d’une juste laïcité, d’une laïcité ouverte qui permet à chacun et à chacune de vivre ce qu’il croit, en conformité avec sa conscience. S’il s’agit de bâtir un monde de liberté, d’égalité et de fraternité, croyants et non croyants doivent se sentir libres de l’être, égaux dans leurs droits de vivre leur vie personnelle et communautaire en fidélité à leurs convictions, et ils doivent être frères entre eux. L’une des raisons d’être de ce Parvis des Gentils, c’est d’œuvrer pour cette fraternité au-delà des convictions, mais sans en nier les différences. Et, plus profondément encore, reconnaissant que seul Dieu, dans le Christ, libère intérieurement et nous donne de nous rencontrer en vérité comme des frères.”
Il me semble qu’ici se découvre la limite de l’exercice: si l’objectif est d’oeuvrer une véritable fraternité entre les hommes, il n’y a rien de plus “efficace” que de se reconnaître comme créatures d’un même Dieu. A défaut de croire en Dieu, il faut au moins croire que nous partageons la même nature humaine. Or, la laïcité réelle (non pas la “laïcité à visage humain” dont on entend parler depuis des décennies sans la voir dans la réalité) ne prétend pas seulement reléguer la religion dans la sphère privée. Elle prétend aussi que nous sommes à nous-mêmes notre propre créateur et notre propre législateur; elle conteste donc radicalement la notion même de la loi naturelle. Que cette contestation ne soit pas incluse par principe dans l’idée de laïcité, je le veux bien; mais je constate que, depuis 1789 et la déclaration des droits de l’homme, tout ce qui est affirmé publiquement sur l’homme prétend relever du pur contractualisme…
“S’il s’agit de bâtir un monde de liberté, d’égalité et de fraternité, croyants et non croyants doivent se sentir libres de l’être, égaux dans leurs droits de vivre leur vie personnelle et communautaire en fidélité à leurs convictions, et ils doivent être frères entre eux.”
Je ne comprends plus ce que veut dire notre saint Père le Pape. Cela me semble si loin des préoccupations de Jésus, telles que nous les rapportent les Évangiles.
Je ne comprends pas le hiatus.