Merci à tous les lecteurs qui ont apporté des réponses, fort complètes à ma question sur le lectorat et son caractère clérical ou laïque.
Mais je me suis mal exprimé: mon problème tenait plutôt à la coexistence dans la même Eglise latine de ce double statut. Je trouve déjà étrange, de façon générale, qu’un même rite (le rite romain en l’occurrence) ait deux “formes” (même si, naturellement, je me réjouis que cette innovation permette de pacifier les relations intra-ecclésiales, et permettent – ce qui me paraît, à certains égards, plus important encore – de rendre son droit à la liturgie traditionnelle). Mais, autour de cette question des deux formes, on trouve toute une série de situations que j’oserais dire – salva reverentia! – “bancales”, comme celle-ci qui fait que, selon que l’on est “attaché” à l’une ou l’autre des deux “formes” du rite romain, on est clerc ou laïc…
Est-il besoin de dire que je n’ai aucune solution de rechange?
Depuis la réforme de 1972, le lectorat est en effet un ministère institué, comme l’acolytat du reste. Même si ces ministères institués sont conférés surtout pour préparer à l’ordination diaconale, ils ont aussi une fonction “en eux-mêmes”, au sein des assemblées ecclésiales, et ne sont donc pas stricto sensu rattachés au sacrement de l’Ordre. C’est par le diaconat que l’on devient “clerc” dans l’Eglise catholique romaine de rite latin, aujourd’hui, que du reste on soit ou non marié : les diacres mariés font partie du “clergé”.
Le fond reste, la forme passe….
Les chiens aboient, la caravanne passe.
Vous maintenez la confusion…
Deux rites romains,pourquoi pas trois?
Restera ce qui mérite de rester.
Bla..bla..
Le Temps passe, il apportera la solution.
Si ! J’ai une solution : faites comme moi, je suis bi-formaliste. Je m’en porte très bien. Je trouve sincèrement des avantages et des beautés dans les deux formes. La présence sacramentelle, et le sacrifice eucharistique, sont les mêmes sous les deux formes. C’est l’essentiel.
On peut poser en principe que les ordres mineurs sont abolis dans l’usus novus et maintenus dans l’usus antiquior. Cela est vrai aussi du sous-diaconat, et même du calendrier liturgique…
Cela vous gêne-t-il ? C’est le prix de la liberté.
De toute façon, je crois que le but de la réforme de la réforme liturgique a bien pour but final, après un temps de réappropriation, d’unir à nouveau les deux formes en une seule enracinée dans la tradition et enrichie.
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Et honnêtement, ce résultat me semble tout à fait accessible. Surtout quand une génération trop marquée et égarée par les remous de Vatican II sera partie, hélas avec des paroissiens qui ont soigné l’Eglise avec leur chapelet.
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C’est ainsi, quand on chahute trop un pendule, il lui faut du temps pour retrouver une position équilibrée et stable.
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L’Eglise est une barque (de St Pierre). Sauf qu’elle est mue par une godille.
Oui, monsieur Benoît. Mais n’avez-vous pas peur d’aboutir à trois formes au lieu de deux ?
Quand au temps du Grand Schisme on avait cru devoir déposer les deux papes prétendants, on n’avait réussi qu’à en élire un troisième…
Encore une précision : le lectorat et l’acolytat sont donc des ministères institués, non ordonnés. Le diaconat est un ministère ordonné, comme le presbytérat et l’épiscopat. Cela signifie que les moines et les religieux non ordonnés ne sont pas des “clercs”, mais des “laïcs” consacrés. Il n’y a de “clergé régulier” que le clergé… ordonné (ce qui est une tautologie). Tout ceci est précisé et explicité canoniquement dans le Code de 1983.
Pour illustrer le propos de Benoît Lobet :
Citation du canon 266 du Code en vigueur.
Can. 266 – § 1. Par la réception du diaconat quelqu’un devient clerc et est incardiné dans l’Église particulière ou à la prélature personnelle pour le service de laquelle il est ordonné.
M. Ganimara, la question que vous posez est très pertinente. A mon avis, cela montre que la situation est encore confuse, puisque l’Eglise latine n’a plus d’ordres mineurs, tout en en ayant encore (en 2007, Benoît XVI ne les a pas rétablis, il a déclaré qu’ils n’ont “jamais été aborogés” puisqu’ils existent dans la “forme extraordinaire”, qui n’a jamais été abrogée).
Le motu proprio Summorum Pontificum manifeste ainsi un état de dychotomie dans l’Eglise d’Occident et pose autant de questions qu’il en résout. Il contribue donc ainsi à continuer de faire mûrir les questions découlant du concile Vatican II.
Si la lex orandi découlant de Vatican II est facultative (et elle l’est, puisqu’elle ne s’est pas imposée comme obligatoire face à l’usus antiquior), il devrait logiquement s’ensuivre que la lex credendi de Vatican II soit facultative aussi. Ce qui cadrrait bien avec le “magistère pastoral” de ce concile et avec le collapsus magistériel inouï qui s’en est suivi. Dans cette perspective, on peut voir dans cette situation équivoque des ordres mineurs un effet de l’évanescence de la “lex” à la suite de Vatican II.