Mon confrère Christophe Saint-Placide a publié voici quelques jours un article sur la “Lettre à nos frères prêtres” que publie le disctrict de France de la Fraternité St Pie X, dont le dernier numéro portait sur l’interprétation de Vatican II.
J’y lis ceci:
“Parler de Vatican II avec délicatesse et nuance, mais aussi avec franchise et vérité, est aujourd’hui extrêmement difficile. Laisser entendre que tel texte du Concile, en tel points, et pour telles raisons théologiques, pourrait éventuellement ne pas être entièrement étranger à la crise actuelle, paraît totalement impensable et inaccepté.”
Je crois que l’abbé de Cacqueray a une vision erronée de l’état actuel de l’Eglise. Il est devenu assez facile, me semble-t-il, de critiquer tel ou tel texte du concile, y compris pour des théologiens en vue, y compris même pour des évêques en fonction… Bien sûr, cette critique est rarement aussi poussée que celle de la FSPX, mais elle existe. Et le simple fait que, sous l’autorité de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Benoît XVI ait non pas seulement accepté, mais même organisé, un débat théologique sur la réception de Vatican II montre assez, me semble-t-il, que les “années de plomb” sont terminées. Certes, la crise de l’Eglise n’est, quantà elle, pas finie, mais on peut aujourd’hui en discuter fort librement.
Mais, dans le résumé de Christophe St-Placide, je lis aussi ceci – qui me semble important pour comprendre les discussions en cours entre les théologiens de la FSPX et ceux de la Congrégation pour la doctrine de la foi:
“Ce que nous ne disons pas sur Vatican II :
Que la Crise actuelle proviendrait uniquement du Concile. […]
Que le Concile était illégitime dès le départ et vicié en tout […].
Ce que nous disons sur Vatican II :
Un Concile simplement pastoral ; mais largement majoré… […]
Il reste malgré tous les efforts un noyau de textes litigieux.”
Ce texte étant – je le rappelle – du supérieur du district de France, l’abbé de Cacqueray, il est probable qu’il reflète la position de la FSPX dans les discussions doctrinales actuellement en cours à Rome. Et, si c’est bien le cas, il y a tout lieu de penser que ces discussions s’achèveront sur un accord: beaucoup de personnes, à Rome et ailleurs, dans le périmètre de ce que je me résouds à appeler “l’Eglise officielle” (pour la distinguer de la FSPX et des congrégations proches) sont d’accord sur ces points.
Il est vrai qu`avec Benoît XVI ceux qui avaient, pendant plus de 40 ans, perdu le droit à la parole l`ont retrouvée, séminaires, livres, rencontres, sont consacrés au Vatican II et à l`herméneutique de la continuité chère au Pape, mais il est vrai aussi que l`on assiste à une étrange mais évidente réaction contre ceux qui expriment des critiques aux textes du Vatican II, posent des questions, mettent en doute la continuité ou demandent au Saint Père de leur en donner le contenu.
En les accusant d`être contre le Pape, on les affublant d`étiquettes comme”tradi-protestants” “crypto-protestants” tout se passe comme si on voudrait à nouveau les bâillonner.
En somme…tu peux parler si tu ne mets pas en doute la continuité, si tu ne dis pas que certains textes ont des passages ambigus, si tu partages l`avis de ceux qui prétendent que la crise postconciliare est uniquement due à la mauvaise interprétation des textes.
Je me permets de rappeler encore une fois (la énième fois sur ce blog) que seul un Concile Oecuménique peut revenir sur les textes d’un Concile Oecuménique précédent. L’herméneutique, qu’on l’appelle de “continuité” ou autrement, c’est différent! Mais les textes eux-mêmes, quels qu’ils soient, font loi jusqu’à ce qu’un autre Concile Oecuménique les ait éventuellement révisés.
La question devient : le pape Benoît XVI a-t-il le projet de convoquer un nouveau Concile pour réviser le Concile Vatican II?
Aux “vaticanistes” émérites de ce blog de répondre, ils en savent peut-être plus que moi là-dessus, moi qui ne fais que rappeler les règles élémentaires (et du reste canoniques) de la vie ecclésiale dans l’Eglise catholique romaine de rite latin…
@ Benoît Lobet : vous semblez ignorer ou ne pas prendre en compte que tous les textes du dernier Concile n’ont pas la même valeur en terme d’autorité magistérielle.
Il me semble même que la plupart ne sont que des déclarations, et non donc pas force de loi, contrairement aux 4 Constitutions Dogmatiques.
Je ne suis pas d’accord avec le début de l’article et l’interprétation de la première citation. Au contraire, l’Abbé de Cacqueray précise bien dans quel cadre les discussions sont interdites autour des textes du Concile et M. Benoît Lobet nous en donne un bel exemple : il est impossible de discuter avec “nuance et délicatesse” de ces textes.
Ils sont toujours pris dans leur ensemble sous les dénominations “le Concile dit que” ou pire “l’esprit du Concile”.
Là où il a tort à mon sens, c’est que ce n’est pas “tel texte du Concile, en tel points, et pour telles raisons théologiques” qui est en cause mais son interprétation, autrement dit l’herméneutique appliqué au texte ou à ce point du texte.
Prenons l’exemple de la Liturgie et de la langue vernaculaire : tout le monde prend le paragraphe de la première partie, qui est très générale et ne donne que des lignes directrice pour la suite, pour justifier le vernaculaire. Et ce même “tout le monde” occulte dans les chapitres spécifiques à la Messe ou à l’Office Divin les paragraphes traitant de l’application concrète de l’usage du vernaculaire.
Ce n’est donc pas les petites phrases qui sont en cause, mais leur interprétation et le fait de les utiliser hors contexte.
Méthode que nous commençons à bien connaitre dans le traitement médiatique actuel.
Et de ce fait, la première remarque de l’Abbé de Cacqueray est tout à fait juste.
De plus, nous voyons bien tous ces clercs qui refusaient il y a peu de temps de porter un habit ecclésiastique mettre maintenant des clergyman. Mais pas forcément noir. Et ensuite, ils ne savent toujours pas mettre de cordon sur leur aube ni célébrer correctement.
C’est un peu comme lorsqu’ils prétendent reconnaitre l’herméneutique de la continuité mais en réalité ils continuent de prêcher la rupture.
Enfin, il ne faut pas oublier à propos de l’Abbé de Cacqueray qu’il s’adresse à des personnes dont on a lavé le cerveau en leur répétant sur tous les tons que les erreurs viennent du Concile. Or je suis persuadé que l’étude honnête et sérieuse, notamment comme cela se fait entre la FSSPX et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, montre le contraire et que les erreurs proviennent des interprétations. Et cela, il va falloir le faire comprendre aux membres de la FSSPX. Il faut donc prendre des pincettes pour amener le contraire de ce qu’ils ont toujours dit.
Il me semble donc au final que c’est un scoop sur les discutions entre la FSSPX et le Saint Office, montrant un immense progrès dans la réception de Vatican II par la FSSPX.
Quelle que soit la qualification des textes (Constitutions, Décrets, Déclarations / dogmatique ou pastorale), elle n’influe pas sur leur réception. Encore une fois, seul un nouveau Concile Oecuménique peut revenir sur le contenu de ces textes, quels qu’ils soient. Mais je suis d’accord avec vous – et avec tous, je pense – pour dire que l’interprétation peut évoluer dans un sens ou dans un autre, sous la direction du Saint Père. C’est tout autre chose…
Vous semblez bien à court d’arguments, abbé Lobet, vous vous contentez de répéter toujours le même refrain. A la longue, vous allez nous lasser.