Notre confrère Daniel Hamiche a traduit une chronique alerte du journaliste catholique américain Phil Lawler, commentant le traitement médiatique du consistoire de ce week-end. Un régal (à moins que ce ne soit affligeant…):
“Italie : les cardinaux vont réfléchir à une réponse de l’Église aux affaires d’abus sexuels” (New York Times), “Le pape convoque les cardinaux sur les abus sexuels” (AFP), “Les cardinaux vont traiter des abus sexuels” (UPI), “Le pape convoque les cardinaux pour discuter des scandales sexuels et d’autres problèmes” (Canadian Press), “Les prélats vont discuter de la manière de répondre au scandale des abus sexuels” (Business Week), “Le pape va tenir un sommet sur les abus sexuels” (Wall Sreet Journal), “Le pape convoque une réunion des cardinaux sur les abus sexuels” (Washington Post), “Le pape convoque les cardinaux à Rome pour un sommet sur les abus sexuels” (Belfast Telegraph), “Le pape convoque les cardinaux pour une réunion sur les abus sexuels” (CathNews India), “Le pape convoque les cardinaux pour des discussions sur les abus [sexuels]” (Daily Nation). On pourrait poursuivre la liste, mais vous avez compris. L’une après l’autre, les manchettes des principaux journaux du monde, ont annoncé que le pape Benoît XVI avait convoqué les cardinaux à Rome pour parler des abus sexuels. Mais il ne s’agit pas de cela. Oui, le pape a convoqué les cardinaux à Rome. Et oui, le scandale des abus sexuels figure au programme. Mais il n’est pas en tête du programme ni en deuxième place. Il y a cinq thème qui sont au programme des discussions du consistoire du 19 novembre : deux sujets majeurs et trois sujets de moindre importance. La scandale des abus sexuels fait partie des sujets de moindre importance. Toutefois, à lire les manchettes vous pourriez penser que le scandale est le seul sujet de discussion (faisons en partie crédit à Canadian Press qui au moins à signalé les « autres problèmes »). Quand il s’agit de traiter de l’Église catholique, les médias laïcs s’appliquent et sont disposés à traiter des abus sexuels, et de rien d’autre. Vous dites que cinq évêques anglicans entrent dans l’Église romaine ? Vous dites que cinquante personnes ont été massacrées dans une église catholique de Baghdad ? Super. On pourrait en faire des sujets pour les dernières pages. Mais pour la manchette, qu’avez-vous de neuf sur les abus sexuels ?
Allons-s’y…maintenant au sujet du préservatif ! …………heum, excusez-moi, je plaisantais !
C’est effectivement totalement affigeant!
Personne, parmi les commentateurs “auto-autorisés”, ne souligne qu’il s’agit d’un consistoire, une réunion où d’abord sont officiellement reçus les futurs cardinaux, choisis par SS Benoît XVI, dont on peut espérer que la présence en Curie et dans les dicastères va permette d’insufler un sang neuf et de voir enfin s’asseoir la “réforme dans la réforme” dont l’Eglise a tant besoin!
Mais, au fait, n’est-il pas précisément dans le rôle de l’Osservatore Vaticano que de nous informer sur ces nouveaux personnages et sur le contenu réel des discussions pontificales de fond associées à ce consistoire???
Il doit bien y exister des éléments très importants à glaner et à faire connaître?
Je lis en effet:
“Il y a cinq thème qui sont au programme des discussions du consistoire du 19 novembre : deux sujets majeurs et trois sujets de moindre importance. Le scandale des abus sexuels fait partie des sujets de moindre importance.”
Soit quels sont-ils ces cinq sujets, surtout les “majeurs”???
Nous attendons ici de les connaître et de les voir commentés!
Non sans une certaine impatience en ces temps où l’avenir de l’Eglise s’écrit tous les jours!
Oui mais il faut être bien naïf pour escompter le contraire.
N’avez-vous pas encore compris que les journalistes ne recherchent que le SCOOP ?
Faut-il traduire le mot en français ?
Je crois que le fait d’avoir choisi comme exemple le cas d’un prostitué homme est justement particulièrement judicieux : dans ce cas, il n’y a aucun rapport avec la contraception, puisque les rapports homme-homme ne peuvent pas être féconds.
Puisqu’il ne s’agit pas de contraception, le magistère est évidemment inchangé.
Du point de vue moral, il nous faut comprendre que la matérialité d’un acte ne caractérise pas cet acte. L’acte est caractérisé par son objet, son volitum, ce qui est voulu, et qui est fait de matérialité ET d’intention.
A partir du moment où, bien à tort, je décide d’avoir un rapport avec un prostitué, je fais bien de chausser un préservatif ; je n’ajoute pas un autre mal à un mal. L’acte sexuel est ici mauvais ; il serait un mal supplémentaire que d’ajouter une contamination.
Je pense que le pape pense que suffisamment d’eau a coulé sous les ponts et que nous avons suffisamment compris que la contraception est intrinsèquement mauvaise pour oser prendre le risque de parler d’un acte matériellement proche mais qui n’a rien à voir par son volitum, par son objet. Nous sommes maintenant assez grands pour comprendre qu’il ne s’agit pas là de contraception.
Pour les pharmaciens qui font objection de conscience, je pense qu’ils doivent continuer à le faire quand ils n’habitent pas dans un quartier de prostitution. Mais s’ils refusaient de vendre un préservatif à quelqu’un dont ils sauraient qu’il est un prostitué, ils commettraient un péché (à moins qu’il n’y une autre pharmacie à côté).
En conclusion, je pense que Benoît XVI veut sauver tout le monde :
– la majorité en disant que le préservatif contribue -en raison de la mentalité qu’il véhicule- à l’extension de l’épidémie du sida et du malheur d’une sexualité sans amour ni responsabilité ;
– une minorité qui croit ne pas pouvoir faire autrement que d’avoir des rapports sexuels de désolation.
L’équilibre des deux messages permet à ceux qui ont des oreilles pour entendre de tenir que la contraception est intrinsèquement désordonnée, mais de confirmer ce que chacun savait intuitivement : on n’ajoute pas un mal au mal (il ne s’agit en aucun cas ici de “moindre mal”, qui n’est pas une notion chrétienne).
J’espère avoir contribué à éclaircir le débat !
C’est très bien dit: “obsession des media”. Les mêmes media qui prétendent (j’en ai encore eu plusieurs exemples la semaine dernière) que l’Eglise catholique est obsédée par la question du sexe. “Medice, cura te ipsum”, pourrait-on dire, si les journalistes avaient encore deux sous de culture pour comprendre le latin.