Hier, je vous proposai de découvrir l’analyse de Deal
Hudson, assez critique de la stratégie de l’administration de la Conférence épiscopale sur l’ObamaCare.
Comme promis, je vous suggère aujourd’hui de prendre connaissance des commentaires de Phil Lawler, directeur de CatholicCulture, qui ne sont pas moins critiques…
« Dans le débat qui se poursuit sur l’ObamaCare – une proposition de loi toujours très animée – les évêques américains continue à jouer un jeu très dangereux.
Pendant des mois la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) a énergiquement fait la promotion d’une réforme radicale du système de santé tout en s’opposant avec autant
d’énergie à toute législation qui subventionnerait l’avortement. Le résultat de cette attitude c’est la confusion. Les défenseurs comme les opposants de l’ObamaCare disent être soutenus
par les évêques américains et les deux côtés peuvent produire des déclarations qui vont dans leur sens.
La politique, par nature, est une affaire partisane. Les législateurs entendent savoir si oui ou non ils peuvent compter sur votre soutien. Quand le débat est brûlant – et le débat sur la réforme
de la santé a été très brûlant – les hommes politiques veulent une réponse à une question simple : êtes-vous avec moi ou contre moi ? Les subtilités du genre “je serais avec vous si…” ou “je
serais contre vous mais…” ne comptent pas quand vient le décompte des voix.
Dans cette bataille politique très importante, l’USCCB a conçu une stratégie qui a rendu la contruction d’une alliance efficace impossible. La conférence des évêques n’a cessé de se tenir
aux côtés des défenseurs d’une réforme du système de santé dans leurs intentions politiques générales, s’aliénant ainsi les législateurs conservateurs qui auraient pu être leurs meilleurs alliés
dans les batailles pro-vie. Puis ils ont insisté pour que le projet de loi soit neutre en matière d’avortement, indisposant ainsi les plupart des défenseurs Démocrates de l’ObamaCare, qui
sont généralement sympathisants du lobby de l’avortement. Aucun des deux camps n’a vu dans l’USCCB un ami fiable.
Très tôt dans ce débat, d’autres organisations pro-vie de Washington ont constaté ce que les évêques américains n’ont jamais pu arriver à admettre par eux-mêmes : aucune proposition de réforme du
système de santé émanant du président Obama et de ses alliés au parlement ne pourrait être favorable sur la question de l’avortement (pour ne rien dire de la contraception, de la
stérilisation et de la recherche sur les embryons). À l’exception remarquée de l’USCCB, le mouvement pro-vie était fermement uni dans son opposition à l’ObamaCare.
Le mouvement pro-vie s’est donc réjoui quand l’élection du sénateur Scott Brown a mis un terme à tout espoir réaliste d’une mise en vigueur rapide des propositions Obama. Mais,
encore une fois, les évêques américains constituèrent l’exception. Plutôt que de manifester un soupir de soulagement et de reconnaître un recul de la culture de mort, le porte-parole en chef de
la Conférence épiscopale publia un nouvel appel pour la réforme du système de santé la qualifiant de “bien public, d’impératif moral et de priorité nationale urgente.” David
Gibson, un commentateur libéral aussi sérieux qu’astucieux fit ce commentaire : “Un ecclésiastique avec lequel je me suis entretenu m’a dit que les évêques étaient surpris de la victoire
de Brown et qu’ils étaient inquiets de la rapidité avec laquelle les Démocrates semblaient abandonner tout effort pour faire passer une quelconque version de la réforme du système de
santé”.
Ainsi, alors que les militants pro-vie fêtaient une étroite échappatoire, l’USCCB était prête à replonger dans de périlleux détroits.
Dans leur supplication aux législateurs de poursuivre la bataille pour la réforme du système de santé, les hauts représentants de la Conférence épiscopale américaine pressèrent le Congrès de
“laisser de côté les divisions partisanes et les pressions d’intérêts particuliers”. Ils semblaient oublieux du fait que la plupart des observateurs voient les évêques eux-mêmes comme
des représentants “d’intérêts particuliers”. En appelant les hommes politiques à accepter des compromis, les évêques provoquaient virtuellement la réponse qu’eux aussi devraient accepter
des compromis et soutenir un projet de loi autorisait le financement de l’avortement.
L’USCCB a tenté d’avoir une position nuancée sur le débat public le plus diviseur de notre époque. Cela revient à s’armer d’une tapette à mouches dans un combat aux couteaux : on peut vous
garantir que d’une manière ou d’une autre vous serez perdant. »
Ces deux textes qui se complètent constituent des contributions de première importance. Il sera bon de les avoir en mémoire quand – la chose est désormais, sauf miracle, probable – la loi sera
passée. Il y aura alors des pleurs et des grincements de dents à l’USCCB. La faute à qui ?