Le RP Lombardi, directeur de la salle de presse du saint-siège, a écrit une lettre au “Financial Times” à propos de l’enquête ouverte sur l’IOR et son président (enquête dont je parlais mardi). Il y est précisé plusieurs choses intéressantes:
“Au sens strict […], l’IOR n’est pas une banque mais un organisme gérant internationalement les fonds des institutions catholiques à finalité d’apostolat et de charité. Implanté sur le territoire de l’Etat de la Cité du Vatican, il n’est pas soumis à la juridiction des Banques nationales. Son statut particulier fait que son insertion dans le système financier international et ses règles nécessitent une série d’accords, notamment en vertu des nouvelles normes fixées par l’Union Européenne pour la prévention du terrorisme et du recyclage de capitaux, ainsi que pour envisager les procédures permettant au Saint-Siège d’entrer dans la White List.”
“La nature et le but des opérations incriminées pouvaient être expliqués simplement et rapidement, car il s’agissait d’opérations de trésorerie dont le IOR était lui même le destinataire par le biais de comptes dont il dispose près de certaines banques. L’incident résulte donc d’un malentendu, actuellement en voie d’explication, entre le IOR et l’institut ayant reçu l’ordre de transfert.”
Souhaitons que les choses soient effectivement aussi simples et claires que le dit le RP Lombardi et que ce ne soit qu’une fausse alerte!
J’avoue que, personnellement, quand je lis des choses sur les finances vaticanes et les organismes financiers liés au saint-siège, je tremble. La faillite du Banco Ambrosiano a montré l’extraordinaire naïveté d’un certain nombre de prélats officiellement en charge du contrôle de ces dossiers délicats… et d’autant plus délicats que le Vatican étant un Etat souverain, un certain nombre d’intérêts plus ou moins malfaisants (de la maçonnerie à la mafia, en passant par tel service secret ou tel groupement plus ou moins humanitaire) peuvent être tentés de solliciter la discrétion de ces organismes financiers exonérés des règles usuelles du contrôle bancaire, en échange d’un petit pourcentage pour les “oeuvres” du saint-siège.
Il est de notoriété publique que les organismes pontificaux avaient permis à la CIA d’aider financièrement et discrètement le syndicat polonais Solidarité. Il s’agissait là d’un soutien que je ne peux qu’applaudir, mais enfin, ce qui a été fait peut être refait, et il n’est pas si difficile de masquer des objectifs inavouables derri-re des oeuvres pies… Bref, cela m’inquiète et me mets mal à l’aise et je prie pour que les propos rassurants du RP Lombardi s’avèrent exacts!
Source: VIS