J’avais évoqué, voici quelques jours, le progressif glissement sémantique qui conduisait certains à parler “d’herméneutique de tradition”, plutôt que “d’herméneutique de continuité”. Et j’avais fait part de mes interrogations sur cette nouvelle expression, notamment parce que la seconde avait l’avantage d’être issue du vocabulaire de Benoît XVI lui-même.
En relisant certains textes pontificaux, je viens de (re)-découvrir le paragraphe 10 de l’Instrumentum laboris pour le synode à venir sur le Moyen-Orient. Comme on le verra, ce paragraphe montre que la notion “d’herméneutique de tradition” est, elle aussi, issue du vocabulaire pontifical, même si l’expression n’apparaît pas telle quelle (mais l’expression “herméneutique de continuité” n’apparaît pas non plus telle quelle dans le discours pontifical, à ma connaissance):
“C’est justement parce qu’il est le livre de la communauté chrétienne que le texte biblique peut être compris correctement uniquement au sein de celle-ci. De ce fait, la Tradition constitue une clef herméneutique du texte révélé. Cette Tradition a été le principe d’intelligence de l’Écriture, ou le climat ecclésial dans lequel la Parole de Dieu doit être lue. Ce climat dans lequel se forme un certain langage nous fournit les premiers éléments pour aborder l’Écriture en évitant des interprétations arbitraires. Dans nos pays d’Orient surtout, il faut cultiver la conscience que la lecture de la Parole de Dieu ne peut pas ignorer la traditionde nos Églises.”