Un lecteur belge que je remercie m’apporte les précisions suivantes à propos de l’actualité ecclésiastique dans son pays:
Beaucoup essayent de disculper Mgr Léonard à propos des récentes nominations catastrophiques dans la conférence épiscopale. Cela me laisse sceptique :
– Tout d’abord, c’est lui qui a eu la main haute sur la nomination du porte-parole, Jürgen Mettepenningen, puisqu’il est à la fois archevêque métropolitain (mais pas primat, du moins pas officiellement, puisque le titre de primat de Belgique a été aboli après Vatican II) et président de la conférence épiscopale. Je ne vois donc pas comment l’excuser sur ce point. Peut-être est-il si pressé de donner une mitre à son « chouchou » Eric de Beukelaer, qu’il était prêt à nommer à peu près n’importe qui pour lui succéder comme porte-parole de la conférence épiscopale?
– En ce qui concerne le maintien de tout le conseil épiscopal hérité du cardinal Danneels, c’est indiscutablement de la responsabilité de Mgr Léonard lui-même.
– Et pour Namur et Bruges, qu’on n’aille pas me dire qu’André Léonard ne serait pour rien dans les nominations faites par Rome. Evidemment, la responsabilité ultime revient au pape (au passage, merci à Vini Ganimara pour ses fines analyses sur l’avenir de la restauration à Rome). Mais ces décisions n’ont été possibles qu’avec l’assentiment de Mgr Léonard, sinon sur sa demande. On a évidemment consulté l’archevêque avant de lui retirer deux auxiliaires (c’est exactement ce qu’il voulait, pour faire table rase); on a consulté l’ancien évêque de Namur à propos de sa succession (et Ganimara nous apprend que Mgr Léonard voulait déjà depuis longtemps voir donner un siège propre à Mgr Vancottem). On ne me fera pas croire qu’on serait allé contre l’avis du matamore fraîchement nommé pour mener une restauration toutes trompettes sonnantes.
– Mais surtout – c’est cela que je veux souligner – tout le monde a compris que la nomination de Mgr Léonard à Malines ne concernait pas seulement l’archidiocèse. Il est clair pour tout le monde que c’était un geste de haute portée symbolique, censé signifier la fin d’une ère pour l’Eglise de Belgique. Sans cela, on n’aurait pas assisté au tohu-bohu qui a accompagné cette nomination. Par conséquent, n’est-ce pas jouer sur deux tableaux que de nous dire d’un côté que Mgr Léonard est placé – moralement – à la tête d’une restauration à l’échelle nationale et de l’autre de l’innocenter de nominations désastreuses faites sur ses conseils, en arguant que ses pouvoirs canoniques sont limités à Malines-Bruxelles ? Allons, un peu de sérieux, osons crier « le roi est nu ».