De sorte que la question n’est pas de savoir si la Restauration va continuer ou va cesser en fonction d’une autre élection pontificale du futur – en l’état actuel, elle ne peut que perdurer quel que soit l’élu, avec des freins ou des accélérations –, mais la question est de savoir si cette Restauration aura des chefs aptes à transformer ce sursaut en une véritable Réforme, au sens traditionnel du terme, ou si elle accouchera seulement d’une catholicité occidentale réduite à un club de gentilles familles et d’assemblées chrétiennes traditionalistes, classiques, charismatiques, satisfaites d’elles-mêmes.
Pour répondre à la question, en élevant les yeux vers les hautes sphères de la ratzinguérie, on y aperçoit surtout des « hommes bons », comme disent les Italiens – Jean XXIII, il papa buono. Le cardinal Cañizarez, Préfet du Culte divin, le cardinal Ouellet, qui va prendre en main la Congrégation pour les Évêques, le cardinal Rodé, Préfet des Religieux, l’archevêque Piacenza.
Mais des hommes forts ? L’archevêque de Colombo, ancien Secrétaire du Culte divin, est sûrement de ceux-là. Peut-on d’ailleurs le classer vraiment parmi les ratzinguériens? Qu’il soit classique de doctrine n’est pas contestable. Mais il lui arrive aussi de se montrer tellement « ouvert », qu’il fait plus que sursauter ses amis romains. N’a-t-il pas accepté à l’occasion de sa réception – accueil en rite indien – par son ami l’évêque de Ratnapura, le 31 octobre 2009, diocèse suffragant de l’archevêché de Colombo, une sorte de réédition de la journée d’Assise ? Il est vrai que cet Assise-là était particulièrement « encadré » : cela se passait dans la cathédrale ; Mgr Ranjith avait la préséance et la présidence ; une immense croix dominait les membres des religions assis à sa droite et à sa gauche ; l’archevêque, avec les nombreux clercs et les religieuses catholiques qui composaient l’assemblée se sont tournés vers le crucifix pour prier. Les membres des autres religions, qui étaient resté assis, ont eu l’honneur de prononcer chacun un discours et d’allumer une bougie sur un grand chandelier. Pourtant le même Malcom Ranjith est certainement le haut prélat qui célèbre le plus fréquemment la messe traditionnelle. Un homme atypique, du « dépassement inclusif » ?
Plus carrément identifiable est cet autre homme fort qu’est le futur cardinal Burke, Préfet de la Signature apostolique, d’une grande intelligence, d’une prodigieuse mémoire, qui a lui aussi incontestablement une stature de décideur, comme il l’a montré aux États-Unis, où il n’hésitait pas à manier l’excommunication en bonne et due forme. Sa rigueur souriante, son amour de la liturgie traditionnelle et sa fidélité à une imparable doctrine feraient merveille à la Congrégation pour la Doctrine de la foi…
Hum ! Hum ! Je voulais être « optimiste », mais je m’aperçois en me relisant que je le suis fort peu…
Pourquoi pas Raymond Burke en tant que Secretaire d’Etat, et Ranjith a la CDF…ca serait une equipe magnifique!