En dehors de Belgique, on a peu parlé des perquisitions à Louvain, à la
« Commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuel dans la relation pastorale », un organisme autonome attaché à la conférence épiscopale. Les policiers ont tout simplement
emporté tous les dossiers et les ordinateurs de la commission !
Le président, le professeur Peter Adriaenssens, est hors de lui. On le
comprend : cet organisme, qui n’a de rôle que thérapeutique, accueille des victimes qui souhaitent s’exprimer confidentiellement et qui, pour la plupart, ne désirent pas aller en justice. En
dépossédant la commission de tous ses dossiers, on risque d’accroître le traumatisme des victimes. Stefaan De Clerck, le ministre de la justice dont l’arrogance est inversement proportionnelle
aux facultés intellectuelles, a défendu cette saisie au motif que la commission n’allait pas assez vite en besogne. Le ministre ignore-t-il donc que la commission était submergée de demandes
depuis la démission de l’évêque de Bruges et était en train de recruter du personnel ? En tout cas, le motif allégué par le M. De Clerck est intéressant car, d’après certaines sources, la
plainte qui a déclenché cette perquisition émanerait justement d’un membre de la commission Andriaenssens, mécontent du travail de celle-ci. Le professeur Adriaenssens avait annoncé hier sa
démission et toute la commission lui a emboîté le pas (voir ici).
Elle estime impossible de poursuivre dans de
telles conditions un travail fondé sur la confidentialité avec les victimes. A présent, on peut prédire que les anticléricaux de tout poil prétendront qu’elle n’était de tout façon qu’un
organisme bidon et un coup de bluff de la part de la conférence épiscopale. Pourtant, la perte de confiance des victimes dans un processus où la confidentialité ne leur est plus assurée est
une conséquence si évidente de ces perquisitions qu’on peut se demander si ce n’était pas justement le but poursuivi par Wim De Troy.
La radicalité des méthodes du nouveau Zorro belge
a choqué à un tel point que Child Focus, un organisme parfaitement areligieux, a fait part de sa consternation pour les
victimes.
Toute cette affaire émeut à un tel degré le
Saint-Siège que, après la protestation remise par Mgr Mamberti, puis la condamnation exprimée par le cardinal Bertone (« séquestration » digne des « régimes
communistes »), c’est le pape lui-même qui
a exprimé son soutien aux évêques de Belgique, en parlant de façons « déplorables ». Le gouvernement belge ne semble
guère impressionné et le ministre De Clerck a justifié en tout point la procédure employée. C’est bien connu : rien de tel qu’un démocrate-chrétien honteux pour justifier des affronts à
l’Eglise. Stefaan De Clerck, s’est aventuré à parler de l’indépendance du juge d’instruction. Or, il faut savoir que c’est M. De Clerck qui, titulaire du même portefeuille de 1995 à 1998, avait
tiré profit de l’affaire Dutroux pour présider à une réforme de la justice qui avait institutionnalisé le contrôle politique des magistrats. Pour se draper à présent dans l’indépendance de la
justice, M. De Clerck ne manque pas d’audace!
(à
suivre)