L’excellent vaticaniste Sandro Magister a récemment proposé une lecture des récentes querelles cardinalices: autour des ennuis
judiciaires du cardinal Sepe, d’une part; et autour du “clash” Sodano-Schönborn, de l’autre.
On devine que les axes exposés par Sandro
Magister ne sont pas les seuls, mais au moins, c’est éclairant:
“Le premier des deux communiqués du 28 juin
concerne la congrégation pour l’évangélisation des peuples et en particulier le cardinal Crescenzio Sepe qui l’a présidée entre 2001 et 2006, avant d’être transféré à l’archevêché de Naples.
Sepe était une puissance à la curie du temps de Jean-Paul II. Et en effet, lorsque la justice italienne a ouvert une enquête à son sujet, le 20 juin dernier, parce qu’elle soupçonnait l’existence
d’irrégularités dans la gestion du patrimoine immobilier de la congrégation, il a tout de suite déclaré qu’il avait toujours agi avec l’approbation et les compliments de la secrétairerie d’état
de l’époque, dirigée par le cardinal Angelo Sodano.
En impliquant Sodano dans ses problèmes et en polémiquant en même temps, de manière implicite, avec l’actuel secrétaire d’état, Tarcisio Bertone, qui a voulu son transfert de Rome à Naples, Sepe
a nettement irrité les dirigeants du Vatican, ce qui transparaît dans la distanciation glaciale avec laquelle “L’Osservatore Romano” a suivi ses problèmes judiciaires.
Par ce communiqué du 28 juin, le Saint-Siège a voulu réaffirmer la finalité exclusivement missionnaire des revenus provenant du patrimoine immobilier de la congrégation pour l’évangélisation des
peuples – celle-ci est propriétaire à Rome de dizaines d’immeubles de grande valeur – et en même temps se dissocier des éventuelles “erreurs d’appréciation” commises par Sepe et ses
collaborateurs dans le cadre de leur responsabilité individuelle.
*
Le second communiqué du 28 juin concerne le cardinal Christoph Schönborn (photo), archevêque de Vienne, qui avait été reçu par le pape le matin de ce jour-là.
Schönborn avait fait parler de lui, au cours des semaines précédentes, en proposant à plusieurs reprises une “relecture” de la discipline du célibat du clergé et en critiquant sévèrement des
actes et des propos du cardinal Sodano à propos de la pédophilie.
Schönborn avait fait d’autant plus parler de lui qu’il est considéré comme très proche de Joseph Ratzinger. Il a été un brillant étudiant du pape, qui l’a toujours beaucoup apprécié. C’est
pourquoi beaucoup de gens ont pensé qu’il s’était exprimé sur ces questions avec l’approbation du pape pour l’essentiel.
Mais ce n’était pas le cas. Sa déclaration sur le célibat et ses attaques contre Sodano n’ont pas plu du tout à Benoît XVI. Qui a sévèrement réprimandé Schönborn, à la fois verbalement et par
écrit.
Mais pour dissiper l’impression qu’il existait une entente entre eux deux, il fallait un geste public. C’est ce qui a eu lieu le 28 juin, d’abord avec un entretien en tête à tête entre le pape et
l’archevêque de Vienne, puis avec l’inclusion des cardinaux Sodano et Bertone dans cette audience et enfin avec un communiqué qui a rendu public le contenu de la rencontre.”
En tout cas, tous ces événements confirment ce que je disais voici quelques jours: la curie n’est pas réellement gouvernée par le Pape, qui n’en a ni
le goût, ni le caractère, ni la force; et elle n’est pas non plus gouvernée par un secrétaire d’Etat à poigne. Résultat: faute de poigne, c’est la foire d’empoigne!