Golias revient
sur la présence du cardinal Baum à la messe pontificale traditionnelle du 24 avril dernier à Washington et apporte des précisions à ce sujet.
Nos confrères s’amusent de la “mythologie tradi” à propos de Vatican
II et de ses suites: citations sélectionnées et répétées rituellement sans qu’on ait cherché à en savoir plus sur leur contexte, leur auteur, etc. Ce travers tradi est bien connu et il n’aide
évidemment pas à faire progresser la clarification de Vatican II (ce qui devrait pourtant réjouir Golias, inquiet de la clarification en cours sous la direction de Mgr Pozzo!). On me permettra
toutefois une remarque: ce travers n’est pas de la seule responsabilité des “tradis” et, manifestement, beaucoup de gens se complaisent dans ce clair-obscur au sujet du concile et de
l’après-concile. Ainsi avons-nous connaissance des mésaventures d’au moins un chercheur qui a tenté de creuser ces fameux propos de William W. Baum. Aussi bien le cardinal Baum que la commission
oecuménique de la conférence épiscopale des États-Unis ont dit regretter de ne pas être en mesure de l’aider. Il s’agissait d’une recherche universitaire visant à identifier la source du cardinal
Baum (qui ne participait pas lui-même aux travaux du Consilium), de la vérifier, de tenter de cerner quelles étaient les domaines de collaboration de ces experts protestants, la mesure dans
laquelle ils étaient satisfaits ou non de la prise en compte de leurs points de vue etc.
Il est vrai que le microcosme tradi a tendance à mythologiser et à
voir beaucoup d’événements sous l’angle du complot, mais si certains faisaient moins de mystères autour d’une collaboration oecuménique qui a été beaucoup plus ouverte dans le domaine
théologique, il y aurait moins de raisons de verser dans le complotisme. Si on décide de négocier une liturgie de compromis (Consilium) comme on avait négocié une doctrine de compromis (concile
Vatican II), il faut avoir le courage de ses convictions et ne pas nier cette collaboration mais expliquer comment elle s’est faite, dans quelle mesure elle a abouti, etc.
En ce qui concerne le cardinal Baum, il est certain qu’il n’est pas le
monstre qu’en a fait la mythologie tradi. Plus simplement, il a fait comme beaucoup d’ecclésiastiques de sa génération: très progessiste au moment de Vatican II et dans les “années de plomb”, il
devint relativement plus classique par la suite (au point de faire un préfet de l’Éducation catholique et un Grand pénitencier sans relief) et, comme nous l’avons dit, il alla jusqu’à s’afficher
avec la renaissance du “tridentinisme”. En d’autres termes, un ecclésiastique de plus qui, selon le mot célèbre, a dépassé tout le monde par la gauche pour se rabattre ensuite sur la droite.
Comme Grand pénitencier (c’est lui qui publia la bulle d’indiction du jubilé 2000), il aurait pourtant gagné à approfondir le sens latin du mot “conversio”, qui n’a pas toujours le sens de
“retournement de veste”. Question d’herméneutique…