Jeudi dernier, en la solennité de la Fête-Dieu, le Pape a prononcé dans sa cathédrale du Latran une très belle
homélie sur le sacerdoce du Christ, dont voici quelques extraits:
“Il ne faut d’abord pas oublier que Jésus n’était pas un prêtre au sens de la tradition juive… Il
n’appartenait pas à la descendance de Aaron mais à celle de Judas et était ainsi exclu de la voie sacerdotale. La personne et l’activité de Jésus de Nazareth ne se trouvent pas dans le sillon des
anciens prêtres mais dans celui des prophètes. Et dans cette lignée, Jésus se détache de la conception rituelle de la religion en critiquant la place accordée aux préceptes humains liés à la
pureté rituelle, avant l’observation des commandements de Dieu c’est-à-dire l’amour de Dieu et du prochain qui “vaut plus que tous les holocaustes et sacrifices”… Même sa mort, appelée à juste
titre “sacrifice” par les chrétiens, n’avait rien à voir avec ces anciens sacrifices et en était tout le contraire: l’exécution d’une sentence de mort par crucifixion, la plus honteuse, en dehors
des murs de Jérusalem… Alors, en quel sens Jésus est-il prêtre?”
“La passion du Christ est présentée comme une prière et comme une offrande. Jésus fait face à son heure qui le
conduit à la mort sur la croix, plongé dans une profonde prière qui consiste à unir sa propre volonté à celle du Père. Cette volonté unique et double, est une volonté d’amour. Vécue dans cette
prière, l’épreuve tragique que Jésus s’apprête à affronter se convertit en offrande, en sacrifice vivant… Jésus, ayant obéi jusqu’à mourir en croix devient une “cause de salut” pour tous ceux
qui lui obéissent. Cela revient à dire qu’il est devenu un grand prêtre pour avoir pris sur lui tout le péché du monde comme Agneau de Dieu. Et c’est le Père qui lui confie ce sacerdoce au moment
même où Jésus passe de la mort à la résurrection. Il ne s’agit pas d’un sacerdoce au sens de la loi mosaïque mais selon l’ordre de Melchisédech, selon un ordre prophétique qui dépend seulement de
sa relation unique avec Dieu.”
“Et c’est l’amour divin qui transforme, l’amour avec lequel Jésus accepte, par avance, de se donner pour nous.
Cet amour n’est rien d’autre que l’Esprit Saint, l’Esprit du Père et du Fils qui consacre le pain et le vin et transforme leur substance en Corps et Sang du Seigneur, en rendant présent dans ce
sacrement le même sacrifice qui s’accomplit ensuite de façon sanglante sur la Croix. Cette force divine, celle-la même qui a réalisé l’incarnation du Verbe -a conclu le Saint-Père- transforme
l’extrême violence et l’extrême injustice en acte suprême d’amour et de justice. C’est l’œuvre du sacerdoce du Christ dont l’Eglise a hérité et qu’elle prolonge dans l’histoire, sous la double
forme du sacerdoce commun des baptisés et de celui des ministres ordonnés, pour transformer le monde par l’amour de Dieu.”
Quand on pense que, pour plaire au monde et aux modes, tant de laïcs, de prêtres et d’évêques ont abandonné
(voir expressément nié), le sacrifice du Christ, renouvelé de façon non sanglante à chacune de nos messes, quel bonheur de lire ces lignes d’exposé serein sur la Croix, la messe et le
prêtre!
Source: VIS