Après mon article du 20 mai sur le télescope de l’Observatoire vatican,
dénommé Lucifer, j’ai reçu plusieurs courriels de lecteurs. Ces lecteurs, plus savants et surtout plus sages que moi, m’apportent d’utiles précisions.
Lucifer signifie, la chose est bien connue, le porteur de lumière. Ce qui vaut pour le chef des anges déchus,
qui initialement était l’un des anges les plus proches de Dieu. Mais ce que vaut aussi pour tout porteur de lumière. Un lecteur me cite notamment la belle hymne des laudes du
vendredi:
Ortus refulget Lucifer
Sparsamque lucem nuntiat,
Cadit caligo noctium :
Lux sancta nos illuminet.
Où Lucifer désigne l’étoile du matin.
On trouvera sur le blog d’Yves Daoudal la traduction par Corneille de cette strophe (et de toute
l’hymne):
Du jour la naissante splendeur
Répand sur la nature une admirable teinte ;
La nuit tombe : répands sur notre vive ardeur
Les rais de ta lumière sainte.
Techniquement, il est donc vrai qu’un télescope est un “lucifer”, puisqu’il a vocation à nous offrir la lumière
des étoiles.
Il reste que je ne crois pas très subtil, en matière de communication, de nommer une réalisation vaticane
Lucifer. Le latin est une langue extraordinairement belle et précise, mais peu de nos contemporains la comprennent. De la même façon qu’ils étaient devenus à peu près incapables de comprendre la
prière “pro perfidis Judaeis” (qui, pourtant, dit très précisément la vérité: les Juifs qui n’ont pas reconnu Notre-Seigneur sont passés à travers la foi, si je puis dire), de la même façon, il
est peu probable qu’entendant le mot “lucifer”, ils pensent au porteur de lumière…