Un lecteur apporte une pierre au débat sur la réforme de la réforme, en me contredisant partiellement (voir
mon article d’hier). Je l’en remercie vivement et vous propose bien volontiers sa réponse. Je suis assez généralement d’accord avec cette vision,
mais je crois un peu aventureux de parler des erreurs liturgiques de l’offertoire romain traditionnel. C’est au nom de ces “erreurs” que l’offertoire a été la prière la plus “chamboulée” dans la
réforme liturgique. Mais j’ai peine à croire que l’Eglise latine ait erré pendant des siècles sur des questions aussi importantes. Qu’une réforme supprime d’éventuelles redondances, je le
comprends aisément (encore qu’il y faille une prudence et une délicatesse qui n’ont pas vraiment caractérisé les réformateurs); que l’on parle d’erreur me semble – mais c’est une simple opinion –
assez risqué. Quoi qu’il en soit, voici le commentaire de ce lecteur, fort bien informé de ces questions:
Vos propos sur la “réforme de la réforme” ne sont pas tout à fait juste.
La “réforme de la réforme” consiste en la simple application des nouvelles normes liturgiques, dans un esprit de continuité.
Ni plus, ni moins.
La question de l’orientation de l’autel en fait parti car le nouveau missel considère la célébration versus ad populum comme possibilité plus que facultative.
Quand à un retour en arrière (authentique celui-ci) concernant l’offertoire, il ne faut pas y compter. L’ancien offertoire est truffé d’erreurs liturgiques : utilisation d’une collecte de la
nativité, anticipation de la consécration, utilisation d’un large passage d’un psaume que seuls les premiers mots sont en rapport avec l’action liturgique, …
Je vous recommande la lecture de la page suivante pour comprendre les imperfections de l’ancien offertoire.
Le but de la “réforme de la réforme” est d’obtenir dans les paroisses des célébrations plus proche de ce qui se fait à Solesmes ou au Vatican.
Pour mémoire, la congrégation de Solesmes célèbre “versus ad orientem”, même si la nef se trouve aussi du coté Est. D’ailleurs cela se voit très bien à St Wandrille lorsque l’on regarde
l’orientation des ruines de l’ancienne abbatiale et l’orientation de la nouvelle. La Communauté saint Martin célèbre tous les jours la messe communautaire “versus ad orientem”, en latin grégorien
et pourtant c’est la forme ordinaire non modifiée ni même bricolée. Ils appliquent le missel intégralement, sans créativité ni invention mais en continuité de la tradition liturgique du rite
romain.
Par exemple, un petit détail qui ne se trouve pas dans le Missel : à partir de l’élévation qui suit la consécration, le prêtre garde le pouce et l’index joint, comme dans la forme extraordinaire.
Aucun texte n’a supprimé ce geste qui est une manifestation de la croyance en la présence réelle.
Là on touche au coeur d’un des problèmes de la “réforme de la réforme” : rappeler que ce qui n’a pas été supprimé ou modifié par un document magistériel … doit toujours se faire !
Il est donc bien plus difficile de célébrer la forme ordinaire car il faut non seulement se référer aux nouvelles normes, mais aussi anciennes normes pour ce qui n’est pas spécifié dans les
nouvelles.
Et tout cela doit bien sûr se faire non pas pour le plaisir de respecter les normes, mais dans la compréhension de leur symbolique qui nous amène plus en profondeur de la Foi et de la
célébration.
C’est essentiellement cela qui a été perdu mais qui aurait dû préserver du n’importe quoi.
NB: La Schola St-Maur nous informe que l’argumentaire sur l’offertoire provient, en réalité, Pro Liturgia.