Je lis dans La Croix un entretien avec le psychanalyste Jacques
Arènes.
Bien que le titre de l’entretien soit manifestement “anti-Bertone”: “La pédophilie n’est pas d’abord une question
d’homosexualité ou d’hétérosexualité”, le contenu lui-même me semble plutôt donner raison au grave problème soulevé par le cardinal Secrétaire d’Etat. Voici quelques extraits de cet
entretien:
Quel est le regard de la société sur la relation adulte-adolescent ?
L’opinion semble hésiter à condamner les relations entre adultes et adolescents, de 13 à 17 ans. On ne peut que
constater la permissivité qui existe en la matière, non sans déni. Cette hésitation se traduit même au niveau légal : l’âge de la majorité sexuelle est théoriquement fixé à 15 ans, mais l’adulte
qui use de son autorité pour séduire un ado peut être assigné devant un tribunal. […]
Aucun lien, donc, entre homosexualité et pédophilie ?
Difficile de répondre de façon générale […] Les problématiques pédophiles concernant des enfants prépubères ne
sont pas liées à une orientation sexuelle. Mais lorsqu’on aborde le cas des adolescents, le problème devient plus complexe. Certains homosexuels sont en effet attirés par de grands adolescents,
ce qu’on appelle parfois l’éphébophilie. Mais ce type d’attirance concerne aussi des hétérosexuels. Bref, la problématique est très différente selon qu’on se trouve entre un adulte et un
adolescent et un adulte et un enfant.
Pourquoi une telle confusion ?
La société est très attentive à lutter contre la pédophilie, tout en étant de plus en plus laxiste vis-à-vis des
relations entre adultes et adolescents. Il y a là une forme d’anesthésie morale, de cécité collective. Il s’agit là d’un réel phénomène de société, qui se pose non seulement dans l’Église mais
aussi dans tous les milieux où des adultes sont contact avec des adolescents. En somme, peut-on considérer l’adolescence comme une option sexuelle possible quand on est adulte ? À ce jour, la
question n’est volontairement pas tranchée par bon nombre d’adultes.
Pourquoi ?
De façon paradoxale, notre société punit de plus en plus sévèrement les abus sur mineurs, tout en érotisant sans
complexe l’enfance et l’adolescence. Or, cela pose problème. Aujourd’hui, le modèle érotique, c’est l’adolescent. Dès lors, le rejet collectif intense de la pédophilie serait presque le
contre-fantasme de l’érotisation de l’adolescence. L’intérêt érotique des adultes pour les ados est tel – sans qu’il y ait forcément passage à l’acte – qu’il se traduit dans la recherche d’une
bonne conscience acquise dans la dénonciation, nécessaire, des crimes pédophiles. Certes, ce ne sont pas des vases communiquants entre ces deux phénomènes , mais la question du rapport aux
adolescents mérite d’être posée.