Notre confrère Daniel Hamiche a attiré notre attention sur un aspect sémantique de la crise médiatique que
traverse l’Eglise en ce moment. Il est sans cesse question de “prêtres pédophiles”. Nous avons déjà évoqué le caractère largement malhonnête de cette association. Parce que l’immense majorité des
prêtres ne sont pas concernés par ces perversions; parce que l’immense majorité des pédophiles ne sont pas prêtres; parce que, comme le disait le blog Benoît et moi, un “prêtre pédophile” devrait
plutôt être appelé un pédophile prêtre, puisque ce n’est généralement pas un prêtre devenu pédophile mais un pédophile devenu prêtre.
Mais, surtout, il y a quelque chose d’extrêmement troublant dans ces attaques médiatiques. Chacun sait que les
cas de “pédophilie” (c’est-à-dire les cas d’abus sexuels sur mineurs non pubères) sont une infime minorité des cas recensés d’attentats “pédophiles” pratiqués par des prêtres. Selon le John Jay
Report, rapport sur les cas recensés aux Etats-Unis, 81% des victimes recensées étaient des garçons et 66% des cas se situaient entre 11 et 17 ans, c’est-à-dire des adolescents soit juste
pré-pubères soit pubères. C’est la raison pour laquelle nous avons systématiquement ajouté le mot “éphébomanie” à celui de “pédomanie”.
Daniel Hamiche suggère – et, à mon avis, à juste titre – de parler par conséquent de pédérastie. Ce qui
“techniquement” correspond exactement à ce qui est en jeu (l’attirance sexuelle d’un homme pour les garçons adolescents ou préadolescents).
Et surtout, ce qui a l’intérêt de montrer la contradiction de notre société
médiatique: on ne cesse de faire l’éloge de l’homosexualité; on ne cesse de proposer comme modèle des jeunes éphèbes; on ne cesse de réclamer l’abaissement de la “majorité sexuelle”; bref, on ne
cesse de magnifier le modèle pédérastique… et on cloue au pilori des prêtres qui ont suivi ce modèle!
Cessons donc d’adopter le langage de l’adversaire et parlons des prêtres
pédérastes.
NB: Je précise que pour moi, comme pour la morale catholique traditionnelle, la pédérastie n’est pas plus
défendable que la pédophilie et que je trouve aussi répréhensible l’attitude de prêtres qui s’y sont adonnés. Mais la société contemporaine, dans cette affaire, est d’une sordide
hypocrisie.