Après des années de dénégations, de communiqués vengeurs – et même d’actions judiciaires – contre ceux qui osèrent
dénoncer les turpitudes du P. Marcial Maciel Degollado, le fondateur de la Légion du Christ, les dirigeants de la congrégation ont enfin, unanimement et solidairement reconnu « les actions
coupables » de leur fondateur.
Dans un communiqué daté du 25 mars, le directeur général, P. Alvaro Corcuera, le vicaire général, P. Luis Garza, les trois conseillers généraux, le secrétaire général et les dix directeurs
territoriaux de la Légion acceptent « avec douleur que face à la gravité [des fautes de Maciel], nous ne pouvons pas le considérer comme un modèle de vie chrétienne ou sacerdotale. »
Certes, mieux vaut tard que jamais. Toutefois, on ne pourra s’empêcher de voir dans cet acte de contrition tardif (le fondateur étant mort voici deux ans, mais « réduit à une vie de prière et de
pénitence » dès 2006 par le Saint Office), une prudente anticipation de la décision que le pape va bientôt rendre, ayant reçu, le 15 de ce mois, les rapports des cinq évêques ayant mené la visite
apostolique de la Légion dans le monde entier : la congrégation sera-t-elle démantelée, dissoute ou réformée ? Et, dans cette dernière hypothèse, que deviendra son équipe de direction signataire de
ce communiqué ? Un passage de ce texte est assez troublant et, en matière de défense pro domo, peu convaincant. On lit en effet : « Nous avons pensé et espéré que les accusations
présentées contre notre fondateur étaient fausses et sans fondement ; elles ne correspondaient pas à l’expérience que nous avions de sa personne et de son œuvre. » Curieux dirigeants qui,
précisément, ne pensent pas ! Curieux dirigeants dont « l’expérience » de la « personne » de Maciel se réduit à rien du tout. Si la haute direction de la Légion estime ainsi faire admettre qu’elle
ignorait tout des innombrables turpitudes de son fondateur, je crois qu’elle fait fausse route… La contrition c’est bien, mais c’est mieux quand elle est précédée d’aveux.