Je lis (avec retard) dans “Le Parisien” du 13 mars un entretien avec Frédéric Lenoir, directeur du “Monde des
religions”, d’où j’extraie ces lignes:
“On trouve beaucoup de pédophiles parmi des gens mariés. On ne peut donc pas dire qu’en soi le célibat prédispose à la pédophilie. En revanche, on observe que les cas de pédophilie n’éclatent de
manière massive et régulière que dans le clergé catholique, qui est le seul astreint à la règle du célibat. […] Du coup, on peut se poser deux questions. 1. Des hommes ayant des tendances
pédophiles ne seraient-ils pas attirés par le sacerdoce catholique pour être en contact avec les enfants? 2. Des hommes ayant des difficultés à vivre la chasteté et en éprouvant des frustrations ne
passeraient-ils pas plus facilement à l’acte avec les enfants dont ils assurent l’éducation qu’ils ne le feraient s’ils étaient mariés?”
Sous les apparences de la neutralité et de l’objectivité scientifique ces quelques lignes sont ahurissantes.
Je ne reviens pas ici sur la terminologie de “pédophile”, mais permettez-moi quelques remarques.
D’abord, quand M. Lenoir déclare qu’on trouve beaucoup de pédophiles parmi des gens mariés, je suppose qu’il veut dire qu’on trouve beaucoup de gens mariés parmi les pédophiles (le chiffre de 80% a
beaucoup circulé ces derniers temps sur internet, et, à défaut d’être exact, doit donner un bon ordre de grandeur). Ce n’est pas vraiment la même chose: un certain nombre de collaborateurs et
informateurs d’Osservatore Vaticano sont mariés et fort peu désireux d’être assimilés à une caste de prédateurs sexuels! Au rythme où vont les choses, après avoir réclamé la fin du célibat
ecclésiastique pour permettre aux prêtres de “s’épanouir”, on va réclamer la fin de la fidélité dans le mariage pour permettre aux conjoints de “s’éclater” et d’éviter de “passer à l’acte”! Mais ce
n’est peut-être qu’une erreur de formulation et je ne voudrais pas accabler M. Lenoir.
Ce qui me paraît beaucoup plus stupéfiant, ce sont les deux questions qui suivent.
Peut-être le journaliste l’ignore-t-il, mais il y a beaucoup de “métiers” beaucoup moins contraignants que le sacerdoce catholique et qui mettent beaucoup plus sûrement en contact avec des enfants.
Qu’il y ait des “tordus” et des pervers ordonnés prêtres, nous le savons bien. Mais prendre un engagement de célibat consacré, accepter 6 ou 7 années de formation, simplement pour pouvoir entrer en
contact avec des enfants, disons pour rester poli que ce n’est pas la voie la plus simple!
Quant à la 2e question, j’avoue que je ne comprends pas comment on peut la poser après avoir dit que bon nombre de pédomaniaques et/ou d’éphébomaniaques étaient mariés.
Et, plus stupéfiant encore que ces deux questions, il y a cette phrase: “On observe que les cas de pédophilie n’éclatent de manière massive et régulière que dans le clergé catholique, qui est le
seul astreint à la règle du célibat.” Cela n’a-t-il pas effleuré M. Lenoir que ces scandales étaient peut-être complaisamment rapportés par les médias qui, d’une part, savent qu’il n’est pas
spécialement risqué de s’attaquer à l’Eglise catholique et qui, d’autre part, vomissent tout ce que représente l’Eglise… en particulier parce qu’elle est l’une des dernières institutions
mondiales à défendre la loi naturelle?