J’ai déjà parlé de la très belle catéchèse que Benoît XVI avait faite à propos de la controverse entre saint
Bernard et Abélard, je glane dans le texte intégral quelques points importants sur la pratique de la théologie et sur ses liens avec le Magistère :
« Quelles leçons pouvons-nous aujourd’hui apprendre de la controverse sur le ton souvent enflammé
qu’adoptaient Bernard et Abélard, et, plus généralement, de la confrontation entre théologie monastique et théologie scolastique ?
Pour commencer, je crois que cela montre l’utilité et la nécessité d’une saine discussion théologique au sein
de l’Eglise, avant tout lorsque les questions débattues n’ont pas été définies par le Magistère, lequel reste toujours un point de référence qu’on ne peut éluder. […]
Ensuite, les condamnation que ce dernier [Abélard] encourut nous rappellent que dans le domaine de la théologie
doit s’exercer l’équilibre entre, d’une part, ce que l’on pourrait appeler les principes architectoniques que nous a donnés la Révélation elle-même et qui donc gardent toujours une importance
prioritaire, et, d’autre part, ce qui relève de l’interprétation que suggère la philosophie, c’est-à-dire la raison, et qui ont, certes, une fonction importante mais seulement instrumentales.
Lorsque s’affaiblit cet équilibre […], la réflexion théologique court le risque d’être viciée par des erreurs, et c’est alors au Magistère qu’il revient d’exercer le service nécessaire qui lui
est propre, celui de la vérité.
De plus, il convient de mettre en évidence que, parmi les motivations qui induisirent Bernard à se ranger
contre Abélard et à solliciter l’intervention du Magistère, il y avait aussi le souci de préserver les simples et humbles fidèles, qui sont à défendre contre le risque de confusion ou de
déviation créé par des opinions trop personnelles et par des arguments théologiques téméraires qui pourraient mettre leur foi en danger. »