En attendant la nomination du successeur du cardinal Danneels, connue mais “sous embargo” jusqu’à lundi, voici un
extrait de l’homélie d’adieu de l’actuel Primat de Belgique. Nous avons ici suffisamment critiqué son bilan pour nous réjouir de cet appel à aimer l’Eglise:
“Aimez l’Eglise, et aimez-la telle qu’elle est, noire et belle comme la fiancée du
Cantique des Cantiques. “Je suis noire jolie, filles de Jérusalem…. Ne faites pas attention si je suis noiraude, si le soleil m’a basanée, mes frères m’ont fait surveiller les vignes…..”
(Cant 1,5). L’Eglise, je l’ai aimée tout au long de ma vie, comme on aime une épouse. Je porte au doigt l’anneau de ce long mariage. Aimez l’Eglise. Certes, elle porte ses rides – c’est
compréhensible après deux milles ans. Mais elle est belle et fidèle.
Pour voir l’Eglise en vérité, il faut le regard de la foi qui rend visible ce qui est invisible, c’est-à-dire un
mystère, divin et humain à la fois. Comme le disait saint Augustin : “Quand je parle d’elle, je ne puis m’arrêter d’en dire du bien”. Et chaque fois que je lui découvre un défaut,
la foi le transforme en tache de beauté. Et puis, ce défaut est une ride de ma mère. Et toutes les mères ne portent-elles pas des rides. Mais c’est ma mère, la mienne. Et ses rides ? Si je
regarde bien, ce sont aussi les miennes. Nous avons tout reçu de notre Mère, l’Eglise : l’écriture, les sacrements, la splendeur de sa liturgie, la tendresse pastorale qui nous entoure, et
surtout nous recevons d’elle d’innombrables frères et sœurs dans la foi et plus encore tous les saints et les saintes.
L’Eglise nous donne surtout la liturgie. C’est là, dans le mystère de la sainte liturgie, que réside la force et
le charme de l’Eglise. Lorsque cette liturgie est célébrée dans la ferveur et la beauté, l’Eglise s’y manifeste telle qu’elle est en profondeur. Sobre et grandiose à la fois. C’est la liturgie
qui contient sa plus grande force d’évangélisation. Personne n’échappe au charme mystérieux de la divine liturgie. Il se pourrait d’ailleurs que la liturgie deviendra-t-elle le moyen par
excellence pour évangéliser dans une culture païenne, indifférente, si pas franchement hostile.”
Je ne suis pas “emballé” par les remarques sur les rides et les défauts de l’Eglise, que je crois pour ma part “sine macula et ruga”, mais j’ai beaucoup aimé cet appel à aimer l’Eglise et sa
liturgie que nous laisse le cardinal en guise de testament spirituel.