Quelques lecteurs d’Osservatore Vaticano m’ont fait connaître un article publié par le groupe belge de médias locaux
« Vers l’Avenir – Le Jour – Le Courrier » (voir ici) et je les en remercie vivement. Ce
groupe a un peu plus de 400 000 lecteurs, sans compter les internautes, et constitue le plus gros groupe catholique de presse francophone en Belgique (le diocèse de Namur en était jusqu’à une date
récente l’actionnaire principal). Je ne peux donc que me réjouir de cette publicité inattendue.
D’autant plus que cet article est globalement assez flatteur pour notre blogue :
« Quand on lit les nombreux articles consacrés aux candidats à l’archevêché de Malines-Bruxelles, écrit l’auteur, on se dit que M. Ganimara est bien informé. Il semble bien connaître la grande et
la petite histoire de l’Église en Belgique. »
Mais, in cauda venenum, on peut lire ensuite ces phrases : « C’est un mélange de demi-informations, prévient l’abbé Éric de Beukelaer, porte-parole de la Conférence épiscopale de
Belgique, et présenté par le blog comme un des successeurs possibles de Godfried Danneels. Rien que dans les quelques phrases qui m’ont été consacrées, j’ai relevé plusieurs erreurs… Ce blog
est le fait d’un groupe ultra-minoritaire, qui prône un retour à l’Église du rite ancien [je suppose qu’il faut lire « un retour de l’Église au rite ancien»]. »
Il se trouve que j’ai échangé à plusieurs reprises des courriels avec l’abbé de Beukelaer, qui avait réagi à l’article de Vini Ganimara daté du 20 juin (voir ici). L’abbé de Beukelaer m’a affirmé plusieurs fois – mais toujours de manière générale et sans aucune précision – que les
informations mentionnées sur notre blogue étaient erronées et qu’elles étaient dictées par « l’idéologie » et non par l’amour de la vérité.
Pour ma part, je sais que Valentino Ganimara travaille en professionnel du journalisme et qu’il s’est, en l’espèce, informé aux meilleures sources belges et italiennes. Il est bien entendu ouvert,
comme je le suis, à apporter aux lecteurs tout supplément d’information et tout amendement qui s’avérerait nécessaire. J’ai donc demandé des éléments à l’abbé de Beukelaer pour procéder à
d’éventuelles rectifications (notamment sur les chiffres de séminaristes, puisés par Vini Ganimara dans des sources officielles, mais qui, selon l’abbé de Beukelaer, étaient faux). Je n’ai pas reçu
de réponse.
Il est possible que ce soit l’usage dans la presse dépendant de l’épiscopat belge de réclamer des rétractations aux laïcs sans préciser sur quoi ces rétractations devraient porter, mais, de ce
côté-ci de la frontière, la coutume est inverse : quand un lecteur, quelle que soit sa qualité, remarque une erreur, il lui revient, en la signalant, d’indiquer des sources pour d’éventuelles
modifications ou précisions. Je m’étonne donc qu’un chargé de communication, prêtre de surcroît, lance sans preuve des accusations de « demi-informations » dans un journal à grand tirage.
Je constate au passage que l’abbé de Beukelaer a baissé graduellement le ton : il me parlait récemment d’un « tissu de contre-vérités », évoquait même la menace d’un « procès canonique ». Il ne
parle plus ici que de «demi-informations ».
Ce serait donc presque un « éloge », si sa dernière phrase ne contenait une affirmation servant, selon un procédé devenu hélas ! classique dans le monde ecclésiastique, à étiqueter pour délégitimer
: « Ce blog est le fait d’un groupe ultra-minoritaire, qui prône un retour à l’Église du rite ancien. »
L’affirmation est d’abord hors sujet : rien dans les articles de Valentino Ganimara sur la Belgique n’évoquait une quelconque action en ce sens. Je crois d’ailleurs savoir que le Pape a déclaré
dans un certain motu proprio que cet usus antiquior n’avait jamais été aboli : il ne s’agirait donc pas d’un « retour », pas plus en Belgique qu’ailleurs…
En outre, à ma connaissance, les personnes attachées au rite romain traditionnel représentent au moins 30 % des catholiques pratiquants selon plusieurs sondages successifs (60 % en Italie), ce qui
n’est pas vraiment «ultra-minoritaire ». Pour mémoire, à destination des lecteurs français, Jacques Chirac en 2002 représentait moins de 20 % des votes. Il ne me semble pas me souvenir qu’on ait
alors parlé à propos de ses électeurs de « groupe ultra-minoritaire » !
Enfin, j’ignorais que l’Église déterminait la vérité en fonction de critères de minorité et de majorité : les « traditionalistes » seraient-ils 1 %, ou même moins, des catholiques pratiquants
(comme les catholiques pratiquant le rite mozarabe), cela ne dirait évidemment rien sur les richesses et les atouts du rite romain traditionnel. Je suis parfaitement conscient que le sujet que nous
avons abordé sur ce blogue était particulièrement sensible.
J’estime – et je ne suis pas le seul sur les rives du Tibre et de la Seine (et même, si j’en juge par les réactions de certains lecteurs, sur les rives de la Senne !…) – qu’il est nécessaire d’en
traiter, et d’en traiter librement. Je crois donc, en un mot, que ce que nous reprochent les organes catholiques belges d’information, c’est notre indépendance de parole. Dois-je ajouter que cette
indépendance est éminemment « conciliaire » ? L’activité d’OV se situe en effet clairement dans le cadre de ce qui est défini au n. 24 d’Apostolicam actuositatem, décret sur l’apostolat
des laïcs du concile Vatican II : « On trouve dans l’Église un certain nombre d’initiatives apostoliques qui doivent leur origine au libre choix des laïcs et dont la gestion relève de leur propre
jugement prudentiel. » Ce propre jugement prudentiel, cette responsabilité chrétienne au service de la vérité, nous l’assumons clairement et sereinement. Que ceux qui nous reprochent d’en user,
assument non moins clairement leur volonté paradoxale… d’en finir avec le Concile et de museler les laïcs !