Le cardinal Kasper a donc évoqué Anglicanorum coetibus dans un récent entretien à l’Osservatore romano – et,
précise-t-il, il l’a fait en réaction à ce qu’on ‘a pu lire ces dernières semaines dans certains journaux, y compris ceux qui devraient être le plus au fait de ces choses”.
Comme il se trouve que j’ai écrit moi-même sur ce blogue ce contre quoi le cardinal Kasper réagit, souffrez chers lecteurs que je vous dise en deux mots de quoi il retourne. Et que je le dise avec
les mots mêmes du cardinal: “Je répète: il n’y a pas de nouvel oecuménisme ni de fin d’un ancien.”
Pourquoi cette précision? Parce que plusieurs observateurs, dont je suis, ont affirmé que l’accueil des anglicans désireux de rejoindre l’Eglise catholique par Benoît XVI marquait la fin d’une
certaine conception du dialogue oecuménique. Je maintiens que c’est le cas (que cela soit une conséquence voulue ou non est hors de mon champ de compétence): ce que fait Anglicanorum coetibus,
c’est effectivement beaucoup plus proche de l’uniatisme (l’accueil d’Eglises ou de communautés ecclésiales) que de l’oecuménisme tel qu’il a été pratiqué ces quatre dernières décennies (le dialogue
théologique entre groupes chrétiens).
Qu’on le veuille ou non, Benoît XVI a refixé les yeux des observateurs et des fidèles sur le but réel du dialogue oecuménique: la pleine communion, certes… mais au sein de l’unique Bercail dont
il est le pasteur. Et, à en juger par les bruissements qui nous reviennent du monde luthérien ou du monde orthodoxe, comme du monde anglican, il est clair que le Pape a donné un coup de pied dans
la fourmilière. Oui, un certain dialogue (qui a peut-être été utile à une époque) a perdu de sa pertinence aujourd’hui.