A supposer que les usages soient respectés, le successeur du cardinal Danneels devrait être déjà évêque (avec
cependant le considérable précédent contraire de 1906 : l’abbé Désiré-Joseph Mercier est devenu le 16e archevêque de Malines), et succédant à un archevêque néerlandophone, il devrait être
francophone (avec le possible précédent contraire de 1980 : au cardinal Suenens, Bruxellois, a succédé Mgr Danneels, néerlandophone de Kanegem, dans le diocèse de Bruges). Certains assurent que
Suenens était francophone, d’autres néerlandophone. A vrai dire, le respect de l’alternance linguistique ne donne pas de migraines à la Congrégation des Évêques et la deuxième section de la
Secrétairerie d’État.
A supposer donc, il y aurait deux possibilités. Car personne, même de son “fan-club”, ne croit à la promotion de Mgr Jousten, le navrant évêque de Liège, 72 ans, sans envergure, qui gère la fin de
la religion du Christ dans un des plus hauts lieux du catholicisme européen. Son diocèse devrait logiquement devenir quelque chose comme une administration apostolique (il vient d’annoncer la
désacralisation de près de 90 églises), auquel cas Liège serait plus un territoire de démission qu’un territoire de mission.
La première possibilité serait la promotion de l’évêque de Tournai, Mgr Guy Harpigny. Né en 1948 à Luttre, ordonné prêtre de Tournai en 1973, docteur en théologie de Louvain, professeur, curé,
doyen de Mons, il devint évêque de Tournai en 2003. Cet ecclésiastique intelligent, homme de prière, est, peut-on dire, inexistant au sein de la conférence épiscopale belge, où il aime à se faire
passer pour l’ombre portée du cardinal Danneels (sauf qu’il est le mentor de la conférence sur tout ce qui touche à l’islam). Il l’a spécialement été dans la politique mortifère de fusion de tous
les séminaires de la Belgique francophone (à l’exception du diocèse de Namur, qui a refusé l’opération suicide).
On peut regretter que, dans son propre diocèse, il se soit si mal entouré dans la matière, brûlante en Belgique, de la bioéthique : l’abbé Lobet, son représentant en ce domaine, est au minimum de
la plus grande faiblesse. On peut aussi déplorer que Mgr Harpigny (dont la thèse de doctorat était : Islam et christianisme selon Louis Massignon) se soit signalé comme favorable à l’enseignement
de la religion de Mahomet au sein des écoles du réseau chrétien. Mais on peut porter à son crédit le fait qu’il a écarté de ses proches collaborateurs des personnalités « progressistes », hostiles
à la doctrine romaine (en leur donnant, il est vrai, de nouvelles et confortables attributions). Le meilleur des hommes, au demeurant.
(à suivre)