Les observateurs de la vie politique française (et, plus généralement, européenne) savent que la question de
l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne est l’une des plus conflictuelles. On ne s’attendait cependant pas à ce que la question turque soit abordée au cours du synode sur l’Afrique.
Voici pourtant ce qu’a déclaré Mgr Krikor Okosdinos Coussa, évêque d’Alexandrie des Arméniens (évidemment concerné au premier chef par cette douloureuse question):
“En 1915, les Ottomans ont massacré le peuple arménien présent en grande Arménie et en petite Arménie (Turquie). Un million et demi de personnes ont péri dans ce génocide. Les arméniens sont partis
et se sont dispersés, d’abord au Moyen?Orient et ensuite dans le monde entier. Partout où elle s’est implantée, l’Eglise arménienne a été accueillie et a emporté avec elle sa langue, sa liturgie,
sa foi, ses traditions et sa culture… Aujourd’hui, 94 ans après ce massacre, suivant l’appel du Christ à pardonner à ses ennemis, les dirigeants de l’Etat arménien ainsi que les chefs des Eglises
arméniennes (catholique, orthodoxe et évangélique) accomplissent un acte de pardon public envers les turcs. Nous le faisons en demandant aux turcs de reconnaître le génocide, de rendre hommage aux
martyrs et d’octroyer aux arméniens leurs droits civils, politiques et religieux. Le chemin de la réconciliation a déjà été entamé entre les deux états. Pour cela, j’en appelle aux dirigeants
politiques afin qu’ils soutiennent notre cheminement auprès des turcs, avec l’Église universelle et l’Eglise africaine en détresse.”
Le pardon, oui; l’oubli, non!