Un fidèle lecteur, excellent connaisseur de certains dicastères, m’envoie ce message, contenant d’utiles
nuances et précisions, en réaction à mon article sur le discours de Mgr Bruguès (voir ici):
Votre article reprenant le document Mgr Jean-Louis Bruguès, aux recteurs de séminaires pontificaux.est très intéressant. Vous dites, à juste titre qu’il « est hautement significatif que l’auteur de
cette analyse soit un ancien évêque de France – alors que l’on sait que l’épiscopat français a été l’un des plus fervents défenseurs de ce “modèle de composition” avec l’épiscopat allemand ».
Qui plus est, l’auteur de l’analyse est… Mgr Bruguès, qui a lui-même été un homme « de composition », modéré il est vrai, mais indubitablement « composant ». Dominicain de la province de Toulouse,
il n’a jamais été des amis des véritables « résistants » qui font la force de cette province, bien loin de là. Devenu évêque d’Angers, ce spécialiste de morale a été plus que décevant avec ses
positions sur la question du « moindre mal » (l’usage du préservatif).
Etonnamment, cet évêque d’Angers, dont le Saint-Siège et la nonciature attendaient (et ont attendu sans résultat jusqu’à la fin de son mandat) qu’il fonde un « bon » séminaire dans son diocèse, a
été malgré tout nommé secrétaire de la Congrégation pour l’Education catholique, en charge précisément des séminaires diocésains.
« Courant de composition » contre « courant de résistance », dit Mgr Bruguès ? En réalité, il sait mieux que personne que le « courant de composition » étant globalement hors circuit, tout se joue
aujourd’hui à Rome entre « résistants-résistants » (pour donner un exemple : Mgr Burke, de la Signature apostolique) et « résistants-modérés » (par exemple : Mgr Filoni, Substitut du Secrétaire
d’État pour les Affaires générales).
Donner des gages aux premiers, sans se démarquer des seconds est prendre une assurance sur l’avenir. Le document de Mgr Bruguès a très exactement la même signification que la nomination à laquelle
il n’est pas étranger, celle d’un « résistant modéré », le P. Bataille – très hostile au Motu Proprio Summorum pontificum –, à la place d’un « composant », le P. Fradet, comme supérieur du
Séminaire français de Rome, ce qui n’est pas compromettant et qui ne changera rien au déclin irrésistible du Séminaire français.
Mgr Bruguès, les yeux toujours fixés sur la ligne rouge du Consistoire, donne verbalement l’impression de jouer aujourd’hui pour le camp des razinguériens, alors qu’il est notoire qu’il n’est pas
vraiment de ce camp-là et surtout qu’il ne prendra jamais aucune mesure concrète pour favoriser un redressement franc et courageux de l’enseignement dans les séminaires de France et d’ailleurs. Sa
prise de position est d’autant plus significative de la direction dans laquelle souffle le vent au sein de la Curie romaine.
Fin du message.