Le groupe Follieri/Sodano a donc une intense politique immobilière. Pas seulement en Amérique. Les fonds arrivent dans la Péninsule, pour se placer, selon les précautions d’usage, dans les niches
suisses, ce dont se chargent Guido Sodano, et dit-on, Thimoty Broglio, secrétaire du cardinal Secrétaire d’État, devenu évêque aux armées des Etats-Unis en 2007. Les fonds nécessaires à la
libération d’Alessandro Sodano se trouvent par le fait couverts, mais aussi beaucoup d’autres œuvres de charité ou d’intérêt ecclésiastique. Et, comme dans la parabole de la multiplication des
pains, après toutes les distributions, il reste de grosses corbeilles, que l’on place avec prudence : immeubles, terrains, oliveraies. D’autant que la jonction caritative se fait avec l’immense
richesse des deux banquiers argentins dont j’ai déjà parlé, qui avaient été diplomates auprès du Saint-Siège à l’époque de Menem : Juan Esteban (Cacho) Caselli, membre du conseil d’administration
de la Fondation San Matteo (œuvres humanitaires vaticanes vers les pays pauvres), et Francisco Javier Trusso. Juan Esteban Caselli avait investi notamment dans des hôtels en Italie, des aéroports
en Amérique du Sud. Trusso, qui avait moins diversifié, fut touché de plein fouet par la crise économique en Argentine, laquelle élimina son empire. Son fils, sage et élémentaire précaution,
s’était enfui avec des fonds suffisants, mais le père n’échappa pas aux procès, spécialement pour ses commerces avec l’Equateur, la Croatie. En revanche, Caselli, qui deviendra plus tard, comme
je l’ai dit, « gentilhomme de Sa Sainteté », était pratiquement devenu un homme de la Curie. Ambassadeur de l’Ordre de Malte au Pérou (Trusso l’était en Argentine : la valise diplomatique, disent
les malveillants…), il a une magnifique villa à Castel Gandolfo, où durant l’été il reçoit de nombreux prélats. Le richissime financier argentin deviendra aussi en 2008 sénateur d’Italie par la
grâce de Berlusconi, sénateur d’Église, un peu comme les démo-chrétiens de jadis, et s’engagera puissamment dans les campagnes pro-vie. Sa générosité a d’ailleurs toujours été religieusement très
bien intentionnée. Dans la seconde partie du règne de Jean-Paul II, Caselli, ami du tout-puissant Substitut Sandri, du cardinal Sodano, du cardinal Martino, pourtant peu pro-américain, et sa
Fondation San Matteo, du cardinal Lopez Trujillo (ancien président du CELAM, et l’un des tombeurs de la théologie de la libération avec le cardinal Castrillón), les aide puissamment dans leur
action. Sans parler du cardinal Pio Laghi. Il faut d’ailleurs dire un mot de cette droite ecclésiastique wojtylienne d’après la chute du mur. (à suivre)