Lors de la visite ad limina des évêques autrichiens, les 15 et 16 juin, le cardinal-archevêque de Vienne Christophe
Schönborn a remis au Pape une pétition intitulée “Laieninitiative” (initiative des laïques).
Cette pétition, signée de milliers d’Autrichiens, demande notamment que le diaconat soit ouvert aux femmes, que l’obligation du célibat pour les prêtres de l’Eglise latine soit abolie, que les
prêtres mariés puissent reprendre leur ministère.
Il est déjà étrange que le président d’une conférence épiscopale, primat d’un vieux pays catholique, et par ailleurs théologien réputé, joue les commissionnaires pour de telles pétitions.
Il est plus étrange encore que l’archevêque de Vienne accepte sans barguigner de montrer dans quel état catastrophique est l’Eglise dont il a la charge (il est vrai que, de ce point de vue, la
visite ad limina en question a tourné au réquisitoire, tant sont nombreux en Autriche les clercs concubinaires, pour ne rien dire de ceux qui vivent leur sacerdoce en bureaucrates repus et refusent
d’administrer les sacrements en dehors des “heures ouvrables”…).
Mais il est proprement stupéfiant que Mgr Schönborn se soit senti disculpé en disant simplement qu’il ne partageait pas les attendus de cette pétition. On l’espère!
Il reste qu’en en communiquant le texte et les signatures à Rome, en priant le cardinal Hummes (préfet de la congrégation pour le clergé) de la “lire avec attention”, au motif que cela
représenterait l’opinion d’une part significative du laïcat autrichien, le cardinal a endossé une lourde responsabilité. Il est difficile de croire qu’il l’ait fait en toute inconscience. Il n’est
pas moins difficile de considérer le cardinal-archevêque de Vienne comme un hypocrite, prétendant en quelque sorte gagner sur les deux tableaux (en satisfaisant l’aile “progressiste” importante de
l’Eglise autrichienne et en rassurant la Curie sur son orthodoxie). Mais, en dehors de ces deux-là, on ne voit pas d’explication raisonnable pour une attitude aussi absurde!