Le pèlerinage du Pape en Terre sainte a été une nouvelle occasion de lire des choses pour le moins fantaisistes sur
les relations entre l’Eglise et le judaïsme post-chrétien.
Dans sa version la plus sensationnelle, cela donne le “scoop” suivant: Benoît XVI se serait engagé à ne plus rechercher la conversion des Juifs! Cette “information” a été donnée par le
“Jerusalem Post” du 12 mai dernier, sous le titre: “Vatican to stop missionizing Jews” .
A lire cet article, le Pape, au cours de sa rencontre avec le grand rabbinat de Jérusalem, aurait “accepté que l’Eglise catholique cesse son activité missionnaire parmi les
Juifs”.
En réalité, rien dans le discours du 12 mai devant le grand rabbinat ne permet de déduire quoi que ce soit d’approchant: Benoît XVI y parle de respect, de compréhension et même d’amitié
réciproques. Il évoque la possibilité de travailler ensemble pour la défense de la vie, de la famille, contre le relativisme moral… Mais rien de tout cela n’implique de renoncer à la conversion
des Juifs.
Il va de soi qu’entre un discours officiel (surtout un discours écrit par un homme qui prête autant d’attention aux mots qu’il emploie le Pape actuel) et la lecture par un journal peu réputé pour
sa connaissance de la doctrine catholique, le bon sens pousse à accorder sa confiance au discours officiel.
Jusqu’à plus ample informé, le “scoop” du “Jerusalem Post” me paraît donc peu vraisemblable et peu fondé.
Au demeurant, l’Eglise catholique ne peut renoncer à la conversion des Juifs (comme d’ailleurs à la conversion de tous les hommes) sans renoncer à sa nature même. Affirmer comme certains
théologiens (et même certains évêques…) l’ont fait qu’il existerait une alliance mosaïque salvifique pour les Juifs et une alliance nouvelle pour les non-Juifs constitueraient une sorte de
racisme spirituel, et surtout une trahison radical de la pensée de saint Paul sur la loi et le salut en Jésus-Christ.