Un livre qui vient de sortir, “Vaticano SpA” (La société par actions du Vatican) de Gianluigi Nuzzi, se basant sur
les archives gardées secrètes de Monsignor Renato Dardozzi, met en lumière les étranges affaires financières de l’IOR, l’Institut des Œuvres de Religion, la banque du Vatican, dans la période qui
va de 1974 à la fin des années 90.
Tout le monde sait que le pape Benoît XVI veut “assainir” la Curie. Mais justement, on peut se demander si certains ne s’emploient pas aujourd’hui à remuer une vieille poussière pour
occulter ce qui s’est passé après cette date. Ce qui s’est passé après cette date, c’est l’installation d’une autre SpA, celle du cardinal Angelo Sodano. Ce sera le sujet de mes prochains
articles.
D’abord, pour bien comprendre, comment au cœur du Vatican, à la dernière loggia du collège éthiopique, s’est installée la coupole de cet empire, qui a perdu son consulteur financier et bienfaiteur
très libéral, le P. Maciel, il faut connaître l’organisation de la toile Sodano :
1/ Deux anciens secrétaires : Mgr Thimoty Broglio, devenu évêque aux Armées des Etats-Unis, et Mgr Piero Pioppo, aujourd’hui conseiller diplomatique à la première section de la Secrétairerie d’État
(cette section de la Secrétairerie d’État correspond en gros à la Présidence du Conseil en Italie, ou aux services du Premier Ministre en France). Mais Mgr Pioppo est surtout Prélat
(c’est-à-dire directeur) de l’Institut pour les Œuvres de Religion : c’est le directeur de la banque du Saint-Siège, le nouveau Marcinkus.
2/ Deux banquiers argentins, qui étaient diplomates auprès du Saint-Siège à l’époque de Menem : Juan Esteban Caselli, qui apparaît dans l’Annuario comme « gentilhomme de Sa Sainteté » et comme
membre du conseil d’administration de la Fondation San Matteo, aux buts indéfinis (œuvres humanitaires dans les pays pauvres), et Francisco Javier Trusso.
3/ Le cardinal argentin Leonardo Sandri, grand ami de Caselli et Trusso. Le cardinal Sandri a été un des personnages les plus importants de la Curie dans les dernières années du pape Jean-Paul II.
Né le 18 novembre 1943 à Buenos Aires. Chargé de nonciature à Madagascar et à l’île Maurice en 1974, avant de retourner à Rome comme secrétaire des substituts successifs à la Secrétairerie
d’État.
En 1989, il est envoyé aux États-Unis comme conseiller à la nonciature apostolique. En 1991, il est nommé régent de la Préfecture de la Maison Pontificale puis en 1992, assesseur de la section pour
les Affaires générales de la Secrétairerie d’État. En 1997, il est nommé nonce apostolique au Venezuela.
En 2000, il est pendant six mois nonce apostolique au Mexique, avant de revenir à Rome, auprès de Sodano, comme substitut pour les Affaires générales de la Secrétairerie d’État, autrement dit
pour prendre en charge l’équivalent de la Présidence du Conseil du Saint-Siège en fin de règne.
C’est ainsi qu’il a été un des maîtres du jeu de la fin du dernier pontificat.
Advient le pape Benoît XVI, qui le crée cardinal lors du consistoire du 24 novembre 2007, et lui confie pour l’écarter un peu, le poste de préfet de la Congrégation pour les Églises orientales. Le
Préfet de l’Orientale, qui dirige toutes les affaires des Églises d’Orient, est dit le « pape rouge ».
4/ Enfin, aux sources des dollars, les “nepoti”, les neveux du Cardinal : Andrea et Guido Sodano, qui sont devenus des hommes d’affaire américains, travaillant avec le Follieri Group, fondé aux
Etats-Unis par Raffaello Follieri et son père, Pasquale Follieri, dont je reparlerai dans un prochain volet : « Les finances du
Vatican après Marcinkus ».
(à suivre)