Le voyage de Benoît XVI en Terre sainte a été d’une rare densité, du 8 au 15 mai : une pleine semaine de
pèlerinage, d’exhortation au courage (et au martyre) pour nos frères chrétiens d’Orient, de tête-à-tête avec les autorités politiques de Jordanie, d’Israël et de Palestine, de conversations
intellectuelles avec différents responsables religieux…
Parmi les discours négligés par les médias français (ou partiellement censurés par certains de nos confrères de la
presse catholique!), un texte est particulièrement intéressant, compte tenu notamment de la personnalité de son auteur : le discours du prince jordanien Ghazi Bin Muhammed Bin Talal, dans la
mosquée d’Amman, le samedi 9 mai.
Le prince Ghazi est un cousin du roi Abdallah II. Il est surtout conseiller de ce dernier pour les affaires religieuses. Rappelons au passage que la famille royale de Jordanie, les Hachémites,
descend de Mahomet et qu’elle a, à ce titre, une importance particulière dans l’opinion islamique.
Surtout, le prince Ghazi est l’un des principaux signataires de la fameuse lettre des 138 dignitaires musulmans
qui, refusant le “lynchage médiatique” à l’encontre de Benoît XVI, après le discours de Ratisbonne (12 septembre 2006), a relevé le gant d’un dialogue rationnel entre islam et
catholicisme.
Le prince a accueilli le pape à travers quatre aspects de sa propre personnalité (comme descendant de Mahomet, comme hôte de cette mosquée d’Amman, où Mahomet avaient invité les
chrétiens à prier, comme Arabe et comme Jordanien) et à travers quatre aspects de la personnalité de Benoît XVI :
– Je reçois en vous le leader spirituel, souverain pontife et successeur de Pierre pour 1,1 milliard de
catholiques qui vivent partout à côté de musulmans et que je salue en vous recevant.
– Je reçois en vous le pape Benoît XVI, vous dont le pontificat est caractérisé par le courage moral d’agir et
de parler selon votre conscience, indépendamment des modes du moment, vous qui êtes aussi un maître théologien chrétien, auteur d’encycliques historiques sur les belles vertus cardinales de
l’amour et de l’espérance, vous qui avez réintroduit la Messe traditionnelle en latin pour ceux qui le souhaitent et avez en même temps fait du dialogue interreligieux et intrareligieux la
priorité de votre pontificat, pour répandre la bonne volonté et la compréhension entre toutes les populations de la terre.
– Je reçois en
vous le chef d’Etat, qui est aussi un leader mondial et global sur des questions vitales de morale, d’éthique, d’environnement, de paix, de dignité humaine, de soulagement de la pauvreté et de
la souffrance et même de crise financière mondiale.
– Je reçois en vous, enfin, un simple pèlerin de paix qui vient avec humilité et gentillesse prier là où Jésus-Christ, le Messie (la paix soit avec lui !) a été baptisé et a commencé sa mission
il y a 2 000 ans.
On constate que ‚ l’intransigeance a qui est si souvent reprochée par les médias (et même par certains évêques…) occidentaux à Benoît XVI ne constitue pas un empêchement
dirimant au dialogue politique ou au dialogue interreligieux.
Illustration pratique : le lecteur aura noté que, parmi les qualités du pape, il y a le courage morale
d’agir et de parler selon [sa] conscience et la réintroduction de la Messe traditionnelle!
Et si le courage d’être soi-même, loin d’être un obstacle au dialogue, en était la condition sine qua
non ?