Le cardinal Angelo Sodano a été l’un des plus importants personnages du pontificat de Jean-Paul II. Il
correspondait en tout (antimarxisme, une certaine bienveillance pour un retour liturgique, appui aux mouvements de « nouvelle évangélisation ») aux visées du ce dernier.
Il a été surtout un homme de pouvoir. De pouvoir à l’italienne, avec tout ce qui va avec: argent, famille, clientèle, entreprises florissantes, transposant dans l’Église une espèce de
berlusconisme avant la lettre.
Deuxième des 6 enfants d’une famille très chrétienne et très démo-chrétienne de la région d’Asti (comme moi),
Angelo fait ses études ecclésiastiques à Rome. Il les achève en faisant l’« École des Nonces », car ce brillant jeune homme se destine à la diplomatie. Ses postes sont en Amérique
latine, où cette Excellence qui sait séduire fait merveille : Equateur, Uruguay, nonce au Chili.
En 1989, quelques mois avant la chute du Mur, le plus coté, le plus entouré, le plus wojtylien des nonces revient à Rome avec les
siens. Jean-Paul II le place comme bras droit du Cardinal secrétaire
d’État Agostino
Casaroli, comme Substitut pour les Relations avec les États (c’est-à-dire comme ministre
des Affaires étrangères de l’Église), au moment où l’Ostpolitik, dont Casaroli avait été l’artisan, brille de ses derniers feux.
En 1991, il devient le numéro 2 de l’Église : Cardinal Secrétaire
d’État. Durant 53 voyages on va le voir à la droite de Jean-Paul II.
Et comme la maladie du Pape s’aggrave, il assume des charges de plus en plus nombreuses.
Il aurait même été prêt à en prendre de plus lourdes encore : lors du Conclave du mois d’avril 2005, il estimait être un “papabile” tout à fait présentable. Il était sans doute le seul.
Car, pour sa tristesse d’abord, pour son plus grand profit ensuite, mais vraiment pas pour sa réputation, Sodano avait un frère. C’était un
politicien de la Démocratie chrétienne, l’« ingénieur » (en Italie, on est intitulé docteur, professeur, ou ingénieur) Alessandro Sodano. Or, Alessandro s’était retrouvé en prison en
1994…
(à suivre)