Le cardinal Tauran, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a déclaré
(ici) à propos du référendum suisse sur les minarets:
“Il nous pose la question de la place de l’islam en Europe, aujourd’hui et demain. Pour moi, l’ignorance est la mère de toutes les dérives, elle est à la base de toutes les difficultés. Il faut se
connaître davantage, s’apprivoiser, voir ce que l’on peut faire ensemble. On ne se rencontre jamais assez. Nous devons également réaffirmer la liberté de religion, dans son sens le plus large, qui
suppose comme minimum nécessaire que chacun puisse disposer de lieux de culte adéquats, cela en Europe comme au Moyen-Orient. Naturellement, les mosquées comme les églises doivent respecter le
paysage urbain et le contexte culturel. Pas question de construire une cathédrale devant la grande mosquée de Riyad ou une mosquée devant Notre-Dame de Paris ! Le sens commun doit nous dicter le
respect d’autrui. Comme l’ont fait remarquer des personnalités musulmanes, le minaret n’est pas essentiel à une mosquée. Le muezzin doit obéir à la loi locale, tout comme les cloches de l’église y
obéissent !”
On notera l’absence de condamnation du vote suisse, ce qui change agréablement de nombreux évêques européens, comme le dit Maximilien Bernard sur Perepiscopus (ici)
On notera aussi l’exigence de réciprocité discrètement (trop discrètement) avancée. Et la réalité est bien éloignée de cette réciprocité: il n’y a aucune église en Arabie saoudite, alors qu’il y a
de nombreuses mosquées en Suisse, en Italie ou en France.
On notera encore une remise en perspective importante: le minaret n’est nullement nécessaire pour une mosquée.
Et on pourra tout de même regretter cette mention de la “liberté de religion”, qui ne me paraît pas remise en cause par le référendum suisse.