Mgr Chris Coyne est un prêtre relativement jeune. Né en 1958 dans le Massachusetts, il a été ordonné à 28 ans, en 1986, pour l’archidiocèse de Boston, et le Saint Père l’a nommé évêque auxiliaire de l’archidiocèse d’Indianapolis (Indiana) au début de cette année, le 14 janvier (j’avais annoncé cette nomination le jour même ici).
L’évêque tient un blogue « Let us Walk Together : Thoughts of a Catholic bishop » (Cheminons ensemble : réflexions d’un évêque catholique). Voici ce qu’il y écrit avant-hier (samedi 6 octobre), sous le titre « Pourquoi je ne suis pas allé me confesser aujourd’hui » (« Why I Didn’t Go to Confession Today »).
- Ce matin, j’ai assisté à la Messe plutôt que de la concélébrer. Plus tôt dans la semaine, je n’ai pas été capable de trouver une Messe du samedi matin en aucun endroit de ma région, ce qui fait que j’étais sur le point de rater la Messe d’aujourd’hui. Mais tard dans la nuit d’hier j’ai trouvé sur Internet une église où une Messe avant midi serait célébrée à une demie heure de route. C’était doublement une bonne chose car je voulais aussi profiter du Sacrement de Réconciliation si le prêtre avait un peu de temps après la Messe, ne m’étant pas confessé depuis plusieurs semaines. Mais il était un peu trop tard pour arranger une concélébration.
- Je suis parti vers 7 h 15 et je suis arrivé suffisamment à l’avance pour me préparer à la Messe et, je l’espérais, pour le Sacrement de Réconciliation. Quand la Messe commença, le prêtre, un gars d’à peu près mon âge, arriva et lança un « Salut ! », et commença la célébration. Le petit problème, c’est qu’on avait oublié le signe de Croix. Bon, ce n’était peut-être qu’une petite distraction. Je pense que nous avons eu le rite pénitentiel, mais je n’en suis pas sûr. Comme il n’y eut pas de « Gloria », j’ai commencé à me dire qu’on n’allait pas célébrer la Fête de la Transfiguration dès lors qu’elle n’avait pas encore été signalée, mais finalement c’était bien cette fête quand le prêtre “dit” une prière d’ouverture improvisée qui mentionnait, en effet, la Transfiguration.
- À partir de là, les choses ont commencé à aller de mal en pis. Je vous passe les détails. Je dirai que je suis à peu près sûr qu’il s’agissait d’une Messe valide même s’il changea les mots de l’institution de l’Eucharistie – et dans une large mesure, pas seulement quelques mots. Il y a une pratique théologique de l’Église qu’on nomme « Ecclesia supplet » (l’Église supplée), lorsqu’un prêtre par inadvertance oublie quelques uns des mots du rituel ou les change, l’Église reconnaît la bonne foi de ceux qui assistent et leur droit à la validité de la célébration des sacrements et supplée la validité sacramentelle dans le cas d’une erreur humaine ou d’une négligence du prêtre. Cela est fait pour le bien du peuple de Dieu et non pour excuser la célébration bâclée ou “créative” du prêtre ou de l’évêque. Bien que le prêtre ait franchi les bornes en matière de “créativité” ce matin, je pense que l’intention de ceux qui sont venus à la Messe était d’assister à une célébration eucharistique de la manière dont l’Église le veut, et ce fut ainsi.
- Tandis que la “Messe” se poursuivait, je me sentais à la fois désappointé et agacé. Je n’étais pas en colère. Cela fait longtemps que j’ai appris cette ficelle : protéger son émotion dans une « régulation automatique de vitesse de croisière » dès que des que ce genre de trucs commence à se manifester. J’ai commencé aussi à me demander si je devais faire quelques remarques au prêtre après [la célébration]. Entendons-nous : je n’étais ici que comme visiteur, pas comme évêque ou vicaire général. En outre, j’étais en vacances, donc… Néanmoins, je n’ai pas laissé passer. Ce que j’ai fait ou pas fait restera entre moi et le prêtre. J’espère que cela aura été utile.
- Il y a une chose dont j’étais sûr. Je ne lui demanderai certainement pas d’entendre ma confession. S’il avait changé jusqu’aux paroles du récit de l’Institution, on conçoit aisément ce qu’il aurait pu faire des paroles de l’absolution. Sans doute aurais-je pu lui demander avant la confession s’il voudrait bien avoir l’obligeance d’utiliser le rit de l’Église et pas le sien, mais c’eût été ouvrir la boîte de Pandore. Je ne suis donc pas allé me confesser. J’ai réussi à avoir un rendez avec un prêtre, et j’irai lundi. Mais n’est pas scandaleux que je n’aie pu me confesser ?
- À chaque fois que des gens me demanderont pourquoi certains dans l’Église veulent la « forme extraordinaire », la Messe latine traditionnelle, je crois que je pourrai leur donner au moins une bonne raison. Des Messes comme celle que je viens d’évoquer. Quand on assiste à la Messe selon le rit tridentin, on sait ce qu’on va avoir. Personne n’y est “créatif”, personne n’y fabrique ses propres prières ou son propre rit, et la question de la validité ne se pose jamais. Je suis un enfant de Vatican II. Dès l’époque où je suis suffisamment âgé pour comprendre ce qui se passait à la Messe, c’était avec la Messe de Paul VI. J’ai été formé dans cette Messe. Je l’ai étudiée. Je l’aime. C’est dans cette Messe que j’ai été ordonné diacre, prêtre et évêque et pour la célébrer pour le peuple de Dieu. Je n’ai aucun désir de célébrer le rite tridentin, mais à chaque fois que j’en entends certains critiquer ceux qui veulent la Messe “traditionnelle”, j’incline de plus en plus à comprendre pourquoi ils veulent cette forme de la Messe. Peut-être que si chaque prêtre s’efforçait de respecter la célébration convenable de l’actuelle Messe de Paul VI – selon les rits de l’Église et non selon le rit du Père X –, il y aurait peut-être moins de clameur demandant le rit “traditionnel”. Ce n’est qu’une réflexion.
Une réflexion qui me semble fort intéressante – mais que je ne partage pas intégralement. Qu’en pensez-vous ?
Je suis entièrement d’accord avec cet évêque. Il y a beaucoup trop de créatifs parmi les prêtres. Parfois, il s’agit même de révolutionnaires… Toutefois, je ne suis pas sûr que cela soit l’unique raison de la demande croissante en messes tridentines, bien que cela puisse jouer. Je pense néanmoins que les prêtres gagneraient à lire cet article. Quelle que soit le rite utilisé, il est important pour nous autres fidèles de trouver une célébration digne et conforme à ce que l’Eglise demande.
Je la partage intégralement, pour moi. Mais puisqu’il s’agit d’un évêque, je trouve extraordinaire qu’il ne se scandalise pas de cette façon anarchique de célébrer la messe, à la limite de l’invalidité, et dont souffrent quotidiennement les fidèles.
Si j’étais lui, j’irais voir le nonce, ou son suppléant s’il est mort, et je lui remettrais ma démission d’évêque en main pour exiger la sanction immédiate, non pas du prêtre concerné, mais bien de son évêque.
Je trouverais ce texte très émouvant s’il émanait d’un laïc. Mais venant d’un évêque, j’estime qu’il manque de fermeté, il nanque l’esprit d’un chef. En plus demander la démission d’un confrère sans lui parler avant, c’est un peu léger.
Personnellement je ne vois plus de ces étrangetés, mais j’en ai connues beaucoup par le passé et je me consolais en pensant que, valide ou non, elle m’était imposée par la hiérarchie sans que je puisse rien faire puisque l’assemblée ne réagissait pas non plus.
A Daniel Hamiche: suite à vos “Joyeux Ramadan” sachez que M. le Curé Stéphane Aulard a appelé dimanche au prêche de l’église St Hilaire de La Varenne à être particulièrement gentils envers les Musulmans et à leur envoyer des cartes de voeux Ramadan qui se trouvent au fond de l’église. J’ignore si la paroisse a un pourcentage sur la vente de ces joyeuses cartes.
Ce que vous dites n’est pas faux, mais je crois qu’il a joué son rôle puisqu’il dit avoir dit deux trois mots à ce prêtre. Et c’est vrai que dire qu’il était en vacances n’est pas forcément juste. Un évêque en vacances est avant tout un évêque. Mais je crois qu’il a préféré la discrétion tout en publiant cet article qui montre qu’il a tout de même été choqué de la célébration à laquelle il a participé. Il a usé de pédagogie ce qu’on ne peut lui reprocher et de discrétion donc on ne sait pas vraiment ce qu’il a fait.
La messe Tridentine a été canonisée par Saint Pie V, allant jusqu’à frapper d’anathème quiconque empêcherait sa célébration, car elle est parfaite. Donc si elle est parfaite cela veut bien dire qu’on ne peut la perfectionner, mais qu’on peut faire l’inverse, ce qui est le cas avec cette messe à l’envers de Paul VI ( son rite s’est inspiré de Cranmer évêque passé au protestantisme), à l’envers car sous prétexte de faire face à la foule, on tourne en réalité le dos à Dieu, drôle de symbole, on y fait un offertoire digne de Caïn ” Fruits de la terre et du travail des hommes ” bidule tiré du Talmud, or le sacrifice non sanglant de Caïn a été rejeté par Dieu à la différence de celui d’Abel le Juste, qui a offert un agneau immolé et que Dieu a agréé.
Comparez les fruits de la messe de Paul VI ( destruction de l’Eglise, mort des séminaires, disparition de beaucoup de monastères et couvents.
“Vous les reconnaitrez à leurs fruits”, parmi lesquels 8O.OOO défroqués. Qui dit mieux. (voir Message intégral de La Salette).
et l’évêque, il a été ordonné selon un rite valide??? certains se le demandent…
A lire ce qu’il écrit et à voir ce que l’on voit depuis des décennies, et sans être expert en la question, on se demande si la question n’a pas sa pertinence..
Pour se confesser, il faudrait encore que les mots aient un sens …Ce qui n’est pas plus garanti que les rites… Moi, je ne peux plus. je ne puis donc plus communier sacramentellement. Reste la communion spirituelle…avec l’Eglise triomphante qui,elle , du moins, ne ment pas à Dieu ..
la créativité a tué tous les beaux arts … donc la messe, sommet de l’art puisque “chef d’oeuvre d’art” de Dieu Lui Même..
Qui suppliera assez fort pour que Dieu veuille nous tirer du krack spirituel, culturel,artistique, scolaire dans lequel tous les “aggiornamenti” ecclésiastiques et/ou révolutionnaires… nous ont plongés corps et biens?
J’ai assisté dernièrement à une “messe” dans une paroisse de la banlieue parisienne (Essonne)
Le curé du lieu a révisé le rite ordinaire qui d’ordinaire (le mot est bien choisi) est devenu “personnel” puisque le rite du livre de Paul VI n’était pas respecté. C’était n’importe quoi ou plutôt le rite du Père “X” !
Comme le dit justement l’évêque américain dont D. Hamiche nous raconte l’histoire, avec la messe de rite extraordinaire il n’est pas possible d’innover.
Je suis étonné que cet évêque recherchait une messe pour y assister. Il suffisait qu’il la célèbre lui-même…
C’est le début qui me sidère. Un évêque qui assiste à la messe, qui ne trouve pas de messe, qui risque de rater la messe…
Et s’il disait la messe?
(non destiné à publication)
petites fautes d’orthographe : “le rite” et non “le rit”
“Néanmoins, je n’ai pas laissé passer” et non “Néanmoins, je n’ai pas laissé passé”
“Je ne lui demanderai certainement pas d’entendre ma confession” et non “Je ne lui demanderai certainement pas d’entre ma confession”
Heu : l’académie supplée ? ;-)
1. Non pour “rit” (rit ou rite, l’un ou l’autre se dit ou se disent, donc j’utilise l’un et l’autre ne serait-ce que pour exercer votre sagacité).
2. Oui pour « laissé passer ».
3. Oui encore pour « entendre ma confession » (faute de frappe).
4. Oui enfin pour « supplée » : on supplée quelque chose mais on ne supplée pas à quelque chose (transitif).
Alors, content ?
Il aurait bien fait de se confesser …
Une petite histoire vraie :
Un évêque se rend au Vatican pour rencontrer le pape, sur le chemin il parle avec un mendiant. Ce mendiant lui confie qu’il était prêtre et qu’il a quitté le ministère … Arrivé au Vatican l’évêque raconte cela au Pape Jean Paul II. Immédiatement JPII demande à l’évêque d’aller chercher ce mendiant. L’évêque retrouve le mendiant, le mendiant arrive devant le pape. JPII demande alors au mendiant d’entendre sa confession.
Le mendiant, le défroqué, lui donne l’absolution. Bouleversé par l’humilité et l’amour de JPII le mendiant demande à son tour à JPII d’entendre sa confession …
Aujourd’hui se mendiant est curé dans la périphérie de Rome et témoigne avec joie de la puissance de la Miséricorde !
L’indignité du ministère ne change pas la dignité du sacrement !
Quel orgueil que de penser qu’un prêtre n’est pas à la hauteur pour entendre ma confession ? …
Ah oui ? Cela prouve que vous n’avez jamais eu comme confesseur un prêtre qui vous reproche de vous déterminer de catholique romaine (le mot romaine selon lui étant dépassé…) et qui vous propose un acte de contrition totalement différent de celui appris par coeur dans le catéchisme de votre enfance !