Aux États-Unis (comme en France), la raréfaction des prêtres, les modifications démographiques, la perte de l’autosuffisance financière de certaines paroisses conduisent les évêques diocésains à modifier le tissu paroissial soit en créant de nouvelles paroisses, soit (et c’est le cas le plus fréquent) en procédant à des regroupements paroissiaux. Cela ne se fait jamais sans une douleur et un mécontentement compréhensibles pour bien des fidèles, mais si le bien commun des diocèses l’exige, les fidèles doivent s’y résoudre à la double condition, toutefois, que la décision de l’évêque soit fondée en droit et expliquée aux fidèles.
Au début de l’année, l’évêque de Trenton (New Jersey), Mgr David M. O’Connell, nommé en décembre dernier, a pris la décision, après consultation et explications, de regrouper trois paroisses de son diocèse. Pour deux d’entre elles, cela ne semble pas avoir posé un problème insurmontable. Mais pour la troisième, celle de Our Lady of Guadalupe de Long Branch, il n’en fut pas de même.
Des paroissiens, s’estimant privés de leurs messes en espagnol ou en portugais – alors que des messes en ces langues continuent d’être offertes dans une autre paroisse… et je préfère ne pas gloser sur l’utilité du latin ! –, ont décidé d’entrer en schisme en adhérant à l’American National Catholic Church, un groupuscule qui ne regroupe que six autres “paroisses” schismatiques, et dont la création remonte à 2009. Paradoxalement, la paroisse de Our Lady of Guadalupe qui ne s’estime désormais « plus intéressée ni liée par le droit canonique de l’Église catholique », vient d’intégrer un groupe qui se présente comme une « juridiction catholique indépendante »… placée sous la direction d’un “évêque”, George R. Lucey, un psychologue du New Jersey – peut-être de la lignée d’Utrecht ? c’est ce que prétend le médecin –, ce qui ne l’a pas empêché d’“ordonner” deux prêtres…
C’est évidemment une tragédie pour l’évêque de Trenton qui implorait encore, le 24 juin, les schismatiques à revenir au bercail.
Mais le plus intéressant de l’affaire, ce sont les conceptions ecclésiologiques assez particulières de l’American National Catholic Church (ANCC).
On lit la chose suivante sur son site internet : « Guidé par notre propre évêque, nous célébrons les mêmes sacrements [(évidemment invalides) que l’Église catholique] et suivons l’esprit de réforme initié au concile de Vatican II ». Et en quoi consiste, selon ce groupuscule, « l’esprit de réforme » de Vatican II ? Que le Pape de Rome n’a aucune juridiction immédiate et universelle sur l’Église, que les prêtres peuvent être mariés, que les femmes peuvent être ordonnées au sacerdoce, que les couples gays et lesbiens sont les bienvenus à l’ANCC, qu’ils peuvent s’y “marier”, et que gays comme lesbiennes peuvent être ordonnés au sacerdoce… Intéressant « esprit du Concile » selon l’ANCC…
Si cet évêque est vraiment vieux-catholique, de la juridiction d’Utrecht, peut-être, je dis bien peut-être, son sacerdoce est-il valide. Mais il est évidemment schismatique, et cette histoire est lamentable.
Il s’agit semble-t-il d’un schisme de “libéraux-progressistes”. Et en ce sens, j’allais dire : tant mieux, et bon voyage ! Grand bien vous fasse. Vous reviendrez quand l’unité chrétienne se fera.
De toute façon, consécration valide ou pas, la question est presque sans objet. Car les dérives dans lesquelles il sombre invalident ses sacrements. Imaginons qu’il ordonne une femme, c’est invalide. Et on pourrait imaginer une “femme-évêque”, dont tous les actes seraient bien entendu marqués par l’invalidité. C’est ainsi, à propos de l’anglicanisme, que ceux qui avaient encore des doutes sur la Bulle “Apostolicae Curae” de Léon XIII ont du se rendre à l’évidence : même si les “ordinations” avaient été valides à un moment, le charabia actuel de ses communautés ne permet plus de croire à une quelconque validité de leurs actes cultuels.
Pour le reste, je souscris entièrement à votre analyse sur le schisme libéro-progressiste “dans l’esprit des réformes de Vatican II”. D’autres, en Europe occidentale, devraient en prendre de la graine et amputer la véritable Eglise de ses membres gangrenés.
On peut supposer que de ne plus disposer d’une messe en espagnol ou en portugais a été un bon prétexte et qu’à voir ce à quoi ces “fidèles” adhérent, indique que tout ne devait déjà pas être si clair que cela dans la paroisse avant le remaniement territorial.
Peut-être que certains vont revenir comme la Dame qui s’était fait “ordonnée” prêtresse et qui a avoué publiquement sa faute et s’est depuis rapprochée, il me semble, d’une paroisse plutôt messe en latin.
Je suis toujours plein d’espérance.
On est revenu à la Tour de Babel. On a oublié le fondement et l’on parle tous un langage étranger à celui de l’autre! Et si la fidélité à l’Eglise et la docilité au Magistère était le remède à tout cela?
Je crois que cette paroisse a fait une erreur d’aiguillage : avec un nom comme “Our lady of Guadalupe” qui est la patronne des pro-vie, elle devait en fait vouloir rejoindre la “Polish National Catholic Church of America” qui enseigne :
“The National Catholic Church maintains the ancient belief of the sanctity of all human life including the unborn. As such, the National Catholic Church teaches that abortion is a grave wrong. The Pastor is always willing and ready to help anyone who may be struggling with this issue. Be assured that he will approach the subject with compassion and care. ”
Il y a fort à parier que ce n’est pas la tasse de thé de l’American National Catholic Church … ils ne se prononcent pas sur leur site, mais je crois bien que je vais leur poser la question : pour voir !