Depuis la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, les chrétiens sont devenus modérément partisans de la peine de mort. L’erreur judiciaire est toujours à craindre. Mais que dire du crime judiciaire ? John Gordon en fut une victime.
Fuyant la rapacité des landlords anglo-saxons qui avaient mis son malheureux pays à l’encan, John Gordon fit partie de ces énormes vagues d’immigration irlandaise qui s’exilèrent aux États-Unis (environ 2 millions de personnes), vers ce pays qu’on disait celui des « hommes libres » comme le chante l’hymne national The Star Spangled Banner. Des hommes libres, peut-être, mais pas pour les catholiques.
Les préjudices et les discriminations anticatholiques sont la marque d’origine de la Nouvelle Angleterre et des États-Unis. Les mouvements sectaires protestants comme la Protestant Crusade, le Know-Nothing, plus tard le Ku Klux Klan, menaient la vie dure aux catholiques minoritaires. Une marque et une tache qui sont loin d’avoir entièrement disparu là-bas.
L’affaire John Gordon, sans être emblématique est révélatrice de cette “cathophobie” qui fit tant de ravages parmi des populations immigrées qui n’avaient pas d’autre but que de s’intégrer aux jeunes États-Unis. Convaincu à tort en 1843, par un tribunal du Rhode Island à 100 % “yankee”, du meurtre d’un riche propriétaire protestant de l’État dont un frère était sénateur, privé d’un procès équitable (le sacrosaint fair trial), Gordon fut pendu le 14 février 1845.
Ce qui est troublant, c’est la décision que vient de prendre le 5 mai et à l’unanimité la Chambre des Représentants du Rhode Island en votant une loi réhabilitant John Gordon « accusé à tort de meurtre ». Loi introduite à la Chambre par le député Démocrate Peter Martin à la suggestion du P. Bernard Healey qui représente le diocèse de Providence auprès de la Chambre. La loi va être présentée au Sénat de l’État : il est probable que la Chambre haute votera de même. De son côté, le gouverneur Républicain du Rhode Island, Lincoln Chafee, a déjà fait savoir qu’il soutenait cette réhabilitation et qu’il était tout disposé à la signer.
C’est une démarche” mémorielle” qui devrait être étendue: on pourrait avoir ainsi une légère idée de tous les catholiques qui ont subi le martyre ou l’injustice de la part de tous les ennemis de Jésus -christ, Chef du Corps Mystique, individuels et organisés depuis les juifs et les romains antiques jusqu’aux laïcistes, libéraux et communistes… en passant par toutes les formes d’anti-catholicisme
( qui sont autre chose que la “christianophobie”… qui semblent plutôt née de la propension outrancière au “dialogue” des autorités vaticanes..qui passent leur temps avec les ennemis de Jésus , les réhabilitant en repentances sans rivages, ou se noyant en religion des droits de l’homme et autres fariboles ronflantes, bonnes comme textes et prétextes, mais jamais comme réalités … )