Tous les jeunes Américains connaissent le visage du grand chef des Sioux Lakotas, Sitting Bull (taureau assis) le nom en traduction anglaise approximative de Tatanka Yokanta, qui remporta, le 25 juin 1876, la bataille de Little Big Horn sur le 7ème Régiment de Cavalerie commandé par Custer. Mais le portrait qui figure ordinairement dans les manuels d’histoire des jeunes américains est le plus souvent recadré comme l’image qui suit.
Il manque sur ce type de portrait un détail qui n’est pas sans importance, et que l’on découvre quand on voit la photo originale non recadrée comme ci-dessous :
Et oui, Sitting Bull arborait un crucifix en pendentif sur cette photo prise en 1885, cinq ans avant son assassinat. J’ai le souvenir d’avoir lu quelque part qu’après la victoire de Little Big Horn tous les soldats américains furent dépouillés par les Indiens de la coalition commandée par Sitting Bull : armes, vêtements, effets personnels… C’était l’usage. Un Indien dépouillait le cadavre du commandant en second quand il s’aperçut que l’officier de cavalerie portait au cou une médaille dite Agnus Dei, un agneau agenouillé sommé d’une Croix, donc une médaille catholique. L’Indien – peut-être catholique lui-même, car les Indiens catholiques étaient très nombreux à Little Big Horn – en informa immédiatement Sitting Bull qui ordonna qu’on inhume avec respect l’officier catholique alors que les cadavres des autres infortunés soldats furent laissés à la discrétion des charognards.
Sitting Bull fut probablement baptisé par le Père jésuite Jean-Pierre De Smet, né en Flandres (aujourd’hui Belgique) et de langue maternelle française. On sait que ce prêtre fut missionnaire auprès des Indiens qu’il défendit autant qu’il put contre les exactions des colons et des autorités américaines, et qu’il fut l’ami de Sitting Bull.
J’ai retrouvé cet extrait de l’ouvrage de Frederick Whittaker, A Complete Life of General Custer, publié six mois après la bataille de Little Big Horn, une hagiographie plutôt qu’une biographie sur l’officier de cavalerie, pleine d’erreurs mais quand même intéressante pour le sujet qui m’occupe :
- « On m’a dit une fois que Sitting Bull, bien qu’il haïssait les Américains blancs et se refusait à parler leur langue, avait pourtant beaucoup d’affection pour les Canadiens français, qu’il parlait le français et qu’il avait été converti au christianisme par un jésuite français [sic], le Père De Smet. Savoir si tout cela est vrai demeure une conjecture, mais il y a certainement quelque fondement là-dedans. Les jésuites français ont toujours été remarqués pour leur magnifiques succès à se gagner l’affection des Indiens mais aussi pour la nature éphémère de la conversion de ces derniers, et il est très possible que le Père De Smet ait pu non seulement baptiser Sitting Bull à un moment donné, mais qu’il ait pu le convaincre lui et ses braves d’assister à la messe qu’il célébrait en pleine nature. Les avantages de cette conversion semblent toutefois n’avoir eu qu’une mince importance en tout cas pour ce qui est d’empêcher la cruauté dans la guerre » (Tome 2, p. 535).
Très intéressant! J’avais, moi aussi, toujours vu que l’image recadrée.
Après la bataille de Little Big Horn, Sitting Bull et sa tribu se réfugièrent au Canada. Pour faire un lien avec votre récent billet sur la monarchie, soulignons que Sitting Bull appelait le Canada “le pays de Grand-mère”, en référence à la reine Victoria.
Au Canada, les troupeaux de bisons disparaissant, Sitting Bull et ses Sioux étaient au bord de la famine. C’est un canadien-français, Jean-Louis Légaré, ami de Sitting Bull, qui sauva les Sioux en leur fournissant des vivres.
http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?BioId=41666&PHPSESSID=fedkoip1bmugaoqqh7shq5l1v6
C’est une nouvelle qui me remplit de joie étant “fan” depuis toujours de Sitting Bull!
salut,
Sitting Bull était païen et il l’est resté jusqu’à la fin de sa vie, il ne croyait même pas aux vertues de la dance ghost assimilée à une danse chrétienne. Cependant c’était quelqu’un d’ouvert et sans a priori, il acceptait la présence des prêtes et fut ami avec le père De Smet qui lui donna le crucifix que l’on voit sur la photo. Sittting Bull le porte comme un trophée, une amulette, un cadeau mais pas comme une croyance. Il n’allait pas à la messe ( obligatoire dans les réserves tenues par les agences ), il refusa jusqu’au bout d’abandonner son mode de vie et ses croyances Sioux, ce qui ne l’empêchait pas de prendre ce qu’il trouvait bon dans la culture blanche. Sitting Bull ne jugeait pas les hommes à leurs couleurs, religions, rang social etc..mais à leur valeur d’homme : courage, fidélité, sagesse.
C’était un guerrier, souvent sur le sentier de la guerre mais un homme intègre cherchant le bien de son peuple jusqu’à la fin de sa vie.